Après Jungle Beat, j'étais confiant car je ne pensais pas pouvoir tomber sur pire ni même sur aussi mauvais. Heureusement, "Lava" est venu me persuader du contraire.
Lava est un film argentin dont le style emprunte aux comic strips américains, avec une saveur animation Flash des années 2000 et un soupçon de couleurs Paint au milieu. Un amateurisme qu'on rapprocherait volontiers de South Park, mais je ne me risquerais pas à la comparaison, probablement insultante pour les deux œuvres. Pour faire court et pour vous donner une meilleure impression du style visuel, c'est moche. Mais attention, il n'y a pas que l'image qui est repoussante, l'animation l'est tout autant.
Je le mentionnais déjà pour Jungle Beat, un film d'animation peut quasiment tout manquer, il ne sera pas raté s'il réussit ses dialogues. J'y place une importance capitale car c'est là qu'on y trouve la substance, le propos de création. Dans "Lava", les dialogues m'ont très régulièrement fait penser à ces dialogues improvisés que nos profs de 1ere nous imposaient en LV2 espagnol. Alors avec votre niveau de chèvre andalouse, vous balanciez des banalités ou des private jokes absurdes avec vos potes, le tout avec le moins de spontanéité possible et en étant guindé au maximum.
On pourrait alors croire qu'à forme simplifiée, propos renforcé, mais non. À l'image de votre échange bancal dans un espagnol approximatif, le scénario du film semble improviser au fur et à mesure des rebondissements lunaires et des situations improbables.
Une société addict à ses écrans se voit envahie par une société extraterrestre qui se matérialise d'abord par des énormes statues de chats sur les immeubles puis, une fois que ses chats sont réveillés de leur sommeil de pierre, par des sorcières géantes et figées de la culture Lacrimal. Si vous êtes circonspect.e.s, sachez que je l'étais aussi et que le film ne vous donnera aucune réponse.
On pourrait creuser avec efforts pour y trouver un sous-texte politique ou contestataire mais je m'y refuse. Rien n'est développé et une telle paresse dans la profondeur de l'écriture ne me donne pas envie d'y trouver des pistes intéressantes.
Dans cette espèce de mélasse irrationnelle et (semble-t-il) irréfléchie, le 4e mur est parfois brisé pour combler les lacunes scénaristiques. Ainsi les protagonistes meurent en tombant d'un toit puis reviennent à la vie en utilisant le pathétique joker "on est dans un film".
Pour couronner le tout, le film baigne dans une forme de surréalisme symbolique où les mythes s'entrecroisent, de l'Ouroboros à Yggdrasil, sans que leur présence ne soit véritablement justifiée.
L’écœurement finit donc par être complet et ce n'est pas la catastrophique écriture des personnages ni l'acte final expédié qui viennent sauver quoique ce soit.