J'avais vu Le baiser mortel du dragon quand j'étais gamin à la TV, et j'avais déjà trouvé ça con et vulgaire, mais j'avais le souvenir que c'était quand même d'une violence étonnante. Je voulais le revoir, espérant que ce soit assez nul pour en rire et avoir malgré tout des scènes d'action bien nerveuses.
Jet Li est crédité pour l’histoire, mais Luc Besson est producteur et co-scénariste avec Robert Mark Kamen qui est responsable de tous les Transporteur et Taken, et le réalisateur est Chris Nahon (dont tous les autres films ont moins de 5 de moyenne sur SensCritique). Autant dire que ça ne sent pas bon dès le générique de début, si jamais on en doutait jusqu’alors.
Jet Li incarne Liu Jian, un Chinois qui débarque à Paris pour aider un groupe de Français (qui donc ?) à protéger quelqu’un (qui ça ?). On ne sait pas qui sont les personnages ni quels sont leurs rapports. Le héros étant armé et venant dans le pays en prétendant être là pour du "tourisme", j’ai cru qu’il s’agissait d’un tueur. D’autant plus que lorsqu’il rencontre ses associés, ceux-ci sont en train de tabasser un inconnu à mort, et Liu regarde sans sourciller.
Mais non, il s’avère qu’il est flic, et tous les autres aussi. Sauf que Liu est censé être un policier intègre, alors que l’autre est un pourri qui, je ne sais comment, arrive à se faire passer pour "le meilleur des meilleurs" auprès de ses supérieurs. Et pourtant ce Français, l’inspecteur Richard, incarné par un Tchéky Karyo qui en fait des tonnes et arrive à cabotiner même en foutant simplement des coups de tampon sur des documents, est loin d’être discret à chaque fois qu’il fait une bavure. Il règle ses problèmes à voix haute, en public, quand il ne bute pas ses hommes ou des innocents à tout va, juste sous le coup de la colère.
Aucun problème à sortir des armes de guerre et de mitrailler dans un grand hôtel parisien, à la vue de tous.
Bienvenue dans le monde de Luc Besson. On trouvait déjà exactement le même type de personnage dans Léon, où cette fois c’était Gary Oldman qui faisait oublier tout le talent d’acteur qu’il pouvait avoir en surjouant à mort, sûrement selon les exigences du patron d’Europacorp.
Au final, dans sa vidéo sur la recette Besson, Mozinor ne faisait pas dans la caricature, tous les points exposés n’étaient que des faits. C’est risible comme on retrouve dans Le baiser mortel du dragon tous ces éléments caractéristiques du "cinéma" de Luc Besson : une pute à protéger, des flics/ninjas, une cinquantaine d’agents des forces spéciales déployés pour un seul homme, …
Et puis plus globalement cette vision abjecte du monde, et notamment des femmes, qu’on peut lui attribuer vu la persistance de certains éléments au fil de ses créations, et qui dénotent une personnalité de merde.
Le baiser mortel du dragon a beau être une production française, on nous dépeint la capitale comme le ferait un tâcheron ricain plein de préjugés de merde. Les français sont des connards et les rues sont peuplées de putes hystériques.
J’apprécie généralement les polars sombres, mais là ça en fait trop, tout est outrancier, excessivement dégueu et d’une vulgarité gratuite.
Il y a d’un côté Jet Li, naïf, qui d’un ton tout calme demande "pourquoi vous l’avez tuée", et de l’autre les méchants vraiment méchants qui ne peuvent pas parler sans sortir une injure et/ou une métaphore foireuse censée être cool. "Fouillez la ville, fouillez-la jusqu’au trou du cul du président", "Nous ne sommes pas des magiciens qui sortent de leur chapeau des tueurs comme des lapins" (???)
Evidemment, l’histoire est complètement conne, le flic français veut faire porter le chapeau au chinois pour un meurtre, en prétendant qu’il est "devenu complètement fou, puis il est parti pisser", avec sérieux et nonchalance. Je rappelle que l’inspecteur Richard est censé être le meilleur des meilleurs.
Autant dire que quand le film se veut dramatique, c’est gênant. Je me suis senti un peu triste pour Bridget Fonda, qui joue une pute junkie qui pisse par terre, pour qui on est censé compatir.
Bon, au moins, il y a des scènes d’action pas trop mauvaises, il faut l’avouer. On trouve Corey Yuen en tant que chorégraphe ; assez réputé dans le milieu, il a aussi réalisé par mal de films de Jet Li par le passé.
Les combats sont d’une agressivité qu’on voit rarement, l’affrontement final est bien tendu et violent, et il y a même une scène où Jet Li fait usage d’objets qui lui tombent sous la main, comme Jackie Chan. Malheureusement, le montage et le cadrage laissent à désirer...
Le héros utilise également des aiguilles d’acupuncture, pour paralyser ses adversaires. C’est une idée vraiment cool, que je n’ai pas vue ailleurs, mais trop peu exploitée ici.
Donc au moins concernant les combats, Le baiser mortel du dragon aurait pu s’avérer sympathique… mais passe à côté de son potentiel.
Ca demeure le "point fort" du long-métrage, si on peut dire, mais c’est noyé par tout le reste, par toutes ces bessonneries à la con…
J’ai du mal à croire qu’on puisse aimer une œuvre aussi dégueulasse dans la forme et le fond. Alors lire sur IMDb tous les commentaires qui trouvent que c’est le meilleur Jet Li, que Tchéky Karyo est un des meilleurs méchants qui soient, ou qui en parlent comme étant un de leurs films favoris … j’hallucine. Presque autant que lorsque je découvre qu’Europacorp a sorti une figurine de la pute du début, celle qui se fait buter au bout de 5mn.