Je ne peux pas me dire fan absolue des films d'épouvante. Cependant le côté gothique des films d'horreur à la Hammer, surtout dans ses belles années celui du duo Christopher Lee-Peter Cushing, m'ont toujours mise en joie.
J'ai aussi découvert, il y a quelques années la "Hammer mexicaine" avec des films comme Les larmes de la malédiction de Rafael Beladon (1961) qui manient plutôt les éléments d'horreur liés aux maisons hantées ou aux légendes locales. Rien de bien sanguinolent dans tout cela donc, mises à part quelques morsures de vampires.
Le film de Polanski, Le Bal des vampires, conjugue ces différents éléments en offrant une délicieuse parodie des films d'horreur gothique.
Dès le début, les ingrédients se mettent en place avec l'arrivée dans la nuit, à travers la sinistre forêt et poursuivis par des loups, des deux héros, sauf qu'ici le Professeur qui vient chasser les vampires est loin d'être un courageux Van Hesling mais un vieux savant distrait et maladroit, du style Professeur Tournesol. Il est d'ailleurs pour l'instant totalement congelé dans le traineau qui les conduits et donc indifférent à tout tandis que son jeune assistant, Alfred, se bat désespérément à coups de parapluie contre les loups qui les assaillent.
Une fois le Professeur décongelé , l'histoire peut se mettre en place.
La première partie dans l'auberge est assez longue, le réalisateur laissant se mettre en place l'atmosphère sombre de la petite auberge perdue dans la sombre Transylvanie. Les occupants sont des paysans pas toujours bien finis ou bien totalement obsédés, comme le propriétaire de l'auberge. Seules les deux jeunes filles de la maison, dont la belle et rousse Sarah, fille de l'aubergiste, tranchent sur cet environnement sordide. Des gousses d'ail en guirlandes décorent le lieu, ce qui montre, à la grande joie du Professeur Abronsius, que les vampires ne sont pas loin.
Lorsque Sarah est enlevée par le Comte vampire de la région, Le Professeur Abronsius et Alfred se lancent courageusement à l'assaut du château. Ils y sont accueillis, dans la plus pure tradition du genre, par un serviteur bossu, muet, boiteux et à moitié demeuré, avant d'être conduits dans la grande salle du château où les accueille avec courtoisie l'élégant Comte. Les péripéties s'enchaînent alors tandis que nos héros cherchent à retrouver la jolie Sarah tout en échappant aux canines pointues de leur hôte.
Lorsque le Comte organise un bal, Les vampires de la région convergent vers le château.
Le film a été tourné dans les Dolomites italiennes, pour toutes les scènes extérieures, dans une belle épaisseur de neige qui offre le décor idéal. Les images sont belles et les couleurs chatoyantes, surtout dans les scènes du château.
Côté distribution, le réalisateur Roman Polanski s'est réservé le rôle de l'assistant naïf du Professeur Abronsius; à 34 ans, il réussit à passer pour un tout jeune homme, grâce à son air ingénu et à son allure d'adolescent.
A l'inverse, Jack MacGovran, acteur irlandais d'abord connu au théâtre dans des adaptations de Samuel Beckett puis au cinéma dans des seconds rôles (L'homme tranquille de John Ford, Docteur Jivago de David Lean...) se grime en vieillard (il a 48 ans) , se faisant la tête du savant Albert Einstein.
Citons enfin la belle Sharon Tate, qui rencontre ici son futur mari Roman Polanski.
Un film se suit avec délice, l'humour étant toujours présent ,même dans les instants dramatiques.
A signaler enfin que Le bal des vampires est en France un titre bien sage, loin du savoureux titre de langue anglaise : The Fearless Vampire Killers or Pardon Me, But Your Teeth Are in My Neck (Les Intrépides Tueurs de Vampires ou Excusez-Moi, Mais Vos Dents Sont dans Mon Cou !).
Le ton est donné.