Sacré film que ce bal des vampires.
Allant souvent au cinéma à l'époque pour voir les films de vampires de la Hammer, Roman Polanski se rend compte que les spectateurs (lui-même inclus) rient plus souvent devant chaque apparition de vampires qu'ils ne frémissent. Suite à ça, il se demande ce que cela donnerait si, au lieu de faire un film visant à faire peur, on faisait délibérément un film de vampires visant à faire rire... mais tout en gardant quand même un cadre crédible de films de vampires. En gros, il vise à mélanger le frisson et le rire au sein d'un même film.
Personnellement, je n'ai pas vraiment ri, ni frémi devant ce film, on pourrait donc se dire que c'est un échec. Mais non.
1) Déjà j'ai regardé ce film en VOSTFR comme je le fais dans 99% des cas. Or, je me suis rendu compte que pour les comédies, la VOSTFR marche souvent moins bien pour moi (sauf dans certains cas, mais le problème, c'est qu'on ne le sait pas à l'avance!). Je redonnerai donc prochainement une autre chance à l'humour de ce film en français.
2) Car j'ai lu plusieurs critiques d'autres membres de "sens critique" avec des extraits de dialogues en français, et je dois avouer que ces quelques lignes m'ont déjà plus fait sourire que le film que j'ai vu hier soir en VO.
3) Il y a aussi de l'humour visuel, qui là marche dans toutes les langues, mais j'y suis moins sensible. Je ris souvent plus aux bons mots. Enfin, la façon de courir du professeur Abronsius dans le château, c'est quand même quelque chose!
4) Même si je n'ai pas vraiment ri, ni eu peur, ça ne m'a pas empêcher d'apprécier le scénario, et même de l'adorer une fois parvenu à la fin du film: j'adore cette fin!
5) Les costumes, les décors et la musique sont superbes... et ce sont en même temps les choses qui font le peur dans le film, car c'est tout ce qui créé l'ambiance.
6) Les acteurs tous géniaux dans leurs rôles: le professeur Abronsius, sorte de savant fou avec des airs d'Einstein un peu, Alfred son fidèle assistant, peureux mais en même temps il y va quand même (avec réticence): c'est assez ambigu et très bien interprété par Roman Polanski lui-même, Sarah la fille de l'aubergiste magnifiquement interprétée par la sublime et regrétée Sharon Tate (chacune de ses apparitions crève l'écran), le comte Krolok et son fils homosexuel, figures classiques de vampires tels qu'on pouvait les voir dans les films de la Hammer, et puis les aubergistes, parents de Sarah dans des interprétations pour le moins truculentes.
Toutes ces raisons font que j'ai vraiment aimé ce film, même si les 2 objectifs de base ne sont pas réellement atteints pour ma part, à savoir le mélange de rire et de peur. Une quarantaine d'années plus tard sortirait le film "Shaun of the dead" qui lui, pour sa part, réussirait ce contrat...