C'est au cours d'un week end seul chez moi que j'ai décidé de passer le cap et de me farcir des longs métrages, vraiment très longs, avec passion comme toujours mais se voir en deux jours, Das Boot, 1900 ou encore Fanny et Alexandre, ça vide un peu le corps, l'esprit se casse avec les valises et la daronne au bout d'un moment. Alors quand en plus j'me dis qu'il faut absolument que j'tape un bout de critique sur celui ci, ce n'est pas évident, m'enfin je suis brave alors je m'enfonce ma casquette sur la tête et je descend dans ce putain de sous marin...
Autant poser le truc sur la table direct, j'me suis maté la version ultime de 4h40, et de toute évidence quand on commence par voir la version la plus complète, la plus riche d'une oeuvre, on se demande bien ce qui a pu passer à la trappe dans celle de 3h30 ou encore pire, celle de 2h30. Car pendant ce long trajet en huis clos accompagné de la transpiration, l'odeur de l'huile, des moteurs, l'humidité, et j'en passe, on ne s'ennui pas vraiment, même pas du tout, alors certes passer presque cinq heures devant un écran ça fatigue mais ce n'est pas le film en lui même qui procurera cette malheureuse sensation.
Wolfgang Petersen, carrière pas toujours vraiment bluffante, si j'ai beau aimer son Poséidon ou Dans la ligne de mire, ce n'est pas avec ses films catastrophes et autre qu'il aura marqué les esprits, mais bien avec cette oeuvre allemande, ses origines évidement, avant de partir bosser chez les ricains.
Das Boot c'est encore un film de guerre, et oui forcément encore, on en a vu et revu, mais finalement non, pas de cette trempe, pas de ce réalisme, pas de cet enfer des profondeurs, c'est rarement quelque chose d'aussi mis en avant. Pourtant ce n'est pas rien, si le risque de mourir en guerre est certes permanent sur terre, que dire de la mer, que ce soit sur un bateau ou pire un sous marin, une fois coulé ou à la flotte, en pleine mer, que fait-on ? Voilà déjà un des phares du film, on attends, la tension au garde à vous en imaginant le pire pour cet équipage envoyé en mer face aux navires anglais.
Les ordres n'arrivants pas, les hommes deviennent fous petit à petit, les attaques sont de plus en plus présentes, de plus en plus violentes, mais ces pauvres gars qui subissent plus qu'autre chose la guerre ne veulent pas finir au fond de l'eau.
C'est donc à travers un journaliste qu'on nous contera cette histoire tirée d'un livre romancé s'inspirant lui même de vraies aventures, que nous combattront la folie. Difficile de parler plus en détail de la psychologie bien présente dans le film, le tout se reposant forcément sur des personnages crédibles et humains. Je finirai donc par dire que chapeau bas à tous les éléments, que ce soit une réalisation que j'imagine complexe dans un endroit aussi exiguë, la mise en scène qui ne souffre à aucun moment durant les presque cinq heures de faiblesses, tout comme le scénario proposant aussi bien de nombreuses scènes calmes voire attachantes, comme dès moments de pur action, tel qu'une bonne partie de la fin où l'espoir et le suspens sont à leur comble, sans parler du casting irréprochable ou des décors.
Das Boot mérite d'être vu et pas qu'un peu, je suis bien content d'avoir enfin eu le temps et de mettre embarqué à bord de ce vaisseau de la mort, de la panique, ce berceau flottant face au danger.
Dans une certaine mesure on peut comparer cette oeuvre à un autre chef d'oeuvre qu'est The Deer Hunter.