François Larmentiel (Pierre Brasseur) tente de contrecarrer le projet testamentaire de son frère Charles Edmond (Michel Simon), le vilain canard des Larmontiel, sur le point de mourir et de léguer sa part de la fortune familiale à son fils naturel, le marin-pêcheur Emile Bouet (Lino Ventura)
De ce sujet, d'après Simenon, les scénaristes proposent un film un peu léger et digressif (il faut bien laisser faire aux personnages audiardiens leur numéro) dont on regrette, accessoirement, qu'il n'offre pas de scène entre Michel Simon (dans un rôle secondaire) et Ventura. Au passif, encore, de la comédie de Denys de la Patellière une mise en scène impersonnelle manquant tout autant de rythme que de relief.
Reste donc la prestation de ces comédiens qu'on aime et qui se frottent aux dialogues de Michel Audiard. Simon, en vieil original iconoclaste, disparait assez vite. Pierre Brasseur incarne avec cynisme et un métier sûr la figure récurrente d'une bourgeoisie méprisable et, d'ailleurs, méprisée suivant les conventions du cinéma populaire. Quant à Lino Ventura et Annie Girardot, ils forment un couple amusant, lui en soiffard macho et fort en gueule (mais en définitive souvent piteux), elle en fille des faubourgs qui n'a pas sa langue dans sa poche. En dépit de situations parfois vaines
(telle cette nuit de beuverie et la cuite de Ventura,
thème cher à Audiard), le couple excelle dans les termes fleuris du dialoguiste.