Jamais film n’aura aussi mal porté son nom que celui-ci. Cela devient une manie sacrément énervante. Car de l’épouvante, vous n’en trouverez guère ici, tout comme de respect de l’oeuvre de Stephen King tant le film semble édulcoré le livre. Bazaar n’est pas une oeuvre majeure de King, mais il reste d’une lecture agréable pour la psychologie des différends protagonistes et de sa réussite à traiter de l’Homme en général réduit à sa propre personne, empli de soif de vengeance, de mesquinerie et de convoitise.
Or en édulcorant les gages demandés, le film ne parvient jamais mettre en avant cette dimension. L’accent est mis sur les conflits déjà larvés entre les habitants. Ainsi, le mal ne vient pas de Leland Gaunt, mais celui-ci exacerbera la haine qui existait déjà et misera sur la cupidité de la population, prête à tout pour voir ses désirs satisfaits. Tout finira par exploser : guerres entre voisines, entre un barman et un client, entre un curé catholique et un pasteur protestant, entre un conseiller municipal et un policier… Et c’est là le problème. Il est proprement impossible de montrer les étapes entre la simple rancoeur et la folie meurtrière. Ainsi rien n’est approfondi excepté deux conflits.
Le but de King dans son livre est simple : la destruction de Castle Rock. Ceci lui permettra donc de changer de ville. Hélas, ici point de destruction de la ville ni de fin qui suit le livre. Si tout au long du film, on a une impression bizarre, c’est à la fin qu’on comprend qu’on est en fait devant une parodie de téléfilm niais et qui finit sur une bonne touche.
Avec une réalisation très télévisuel et un double horrible, le film file tout droit vers les bas fond. Heureusement il est sauvé inextrémiste par une interprétation de qualité (Max Von Sydow est superbe) et une bonne BO.
Si on a lu le livre, on ne pourra qu’être déçu par cette adaptation. Dans le cas, d’une vision sans connaitre le roman, on assiste alors à un film relativement sympathique.