"Le Beau Mariage" a un gros défaut : celui d'être un film un peu moyen logé au milieu de la collection de petites merveilles qu'est la série des "Contes et Proverbes". C'est d'ailleurs peut-être parce que le caractère exaspérant du personnage principal (ce qui n'est pas une nouveauté chez Rohmer, on le sait, mais Béatrice Romand est particulièrement brillante dans le rôle de la "ch..." et avait d'ailleurs reçu un Prix d'Interprétation à Venise) contamine le plaisir habituel que nous ressentons devant les jeux du "maître du marivaudage contemporain". Il y a néanmoins beaucoup de qualités dans "le Beau Mariage" qui permettent de passer outre ce désagrément : d'abord, il est remarquable de voir combien Rohmer - ce qui est un peu sa marque de fabrique, mais quand même - exclut la moindre "psychologie des personnages" (la plaie habituelle du cinéma français), pour nous perdre dans un labyrinthe d'affirmations absurdes et de discussions étourdissantes et vaines (et pourtant brillantes) sur l'Amour et le Mariage, mais aussi sur l'Art et sur la Création. Ensuite, la scène quasi finale du "refus du mariage" nous dévoile un Dussollier jeune mais déjà impressionnant, et atteint une intensité inhabituelle chez Rohmer. Enfin, "le Beau Mariage" nous dévoile pour la première fois (je crois) une Arielle Dombasle au charme fou, véritable trouvaille de la part de Rohmer, dont on ne peut que regretter qu'elle n'ait pas ici le rôle principal : "le Beau Mariage" en serait devenu un film complètement différent, sans doute moins retors, mais clairement plus plaisant. [Critique écrite en 2017]