Exercice de style pur et simple : Jørgen Leth tente l'essai pseudo-philosophique, dans une veine comique (j'imagine) radicalement absurde, en décrivant de manière aussi froide et distante que possible la vie au Danemark. Selon ses propres termes : "un collage, un catalogue de vie" ou encore une "comédie surréaliste". En tout état de cause, ce sont 80 minutes d'un film qui ne ressemble à aucun autre, c'est une certitude — mais cela n'a jamais réuni les conditions suffisantes pour faire quelque chose d'intéressant et de plaisant, faut-il le rappeler... Le concept : segmenter le quotidien, la banalité, la vie danoise en quelques compartiments et illustrer très platement chacun d'eux. Dans l'ordre, il sera question de : les visages, les corps, les objets, les actions nécessaires, les actions non-nécessaires, les bonnes pensées, les mauvaises pensées, les sensations agréables, les sensations désagréables, les mots.
On sombre très vite dans la caricature qui veut faire émerger quelque chose de cette série de tableaux qui observent frontalement des personnages, avec à chaque fois un commentaire introductif en voix off neutre et presque autoritaire. Les premiers termes sont à ce titre "La vie est intéressante. Nous allons l’étudier." Le ton résolument sérieux de l'ensemble contraste évidemment avec l'ambition de cette étude minutieuse et presque scientifique, en posant des questions naïves sur le rapport entre le beau et le moche, entre l'explicite et l'implicite. Avec une démarche frontalement grotesque, on essaie d'extraire du sens dans les choses les plus simples, les vêtements, une tasse de café, la nudité. Bizarre, très certainement.