Guerre des gangs à Yokohama
Chronologiquement Fukasaku signe ce film juste après Le Caïd de Yokohama dont il emprunte quelques éléments sans pour autant qu'on puisse le qualifier de suite directe. Une introduction en voix-off...
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le 30 sept. 2024
Chronologiquement Fukasaku signe ce film juste après Le Caïd de Yokohama dont il emprunte quelques éléments sans pour autant qu'on puisse le qualifier de suite directe. Une introduction en voix-off nous présente les résultats du combat mené par les autorités contre les gangs yakuzas au tournant des années 1960, quand le Japon doit faire peau neuve devant la face du monde pour accueillir les JO de Tokyo (1964) et de Sapporo (1972) et l'Expo universelle d'Osaka (1970). Pour paraphraser la légende qui cite des chiffres officiels : 170 000 arrestations, 20 000 armes confisquées, 475 gangs dissous (30 000 membres), 525 gangs auto-dissous (40 000 membres) pour la seule année 1965. On comprend entre les lignes que les organisations qui ont survécu à cette période sont les alliances les plus solides qui ont su se passer des marchés traditionnels de la pègre pour investir d'autres secteurs, notamment l'immobilier et la construction.
C'est le cas dans le film, avec une société du nom de Daimon qui vient empiéter sur le territoire du Hamayasu-gumi, un gang en situation de monopole sur le port de Yokohama. Pour l'anecdote ces derniers occupent les mêmes locaux que le gang Hamanaka du film précédent, lui aussi basé à Yokohama, seul un kanji a changé sur la façade du bâtiment ;). Le boss Iwakiri, va tour à tour utiliser les deux factions pour déloger les habitants d'un bidonville qui occupent illégalement un terrain très convoité, sur lequel doit s'implanter une grande usine, avec une jolie plus-value financière à la clé.
Comme dans le film précédent de Fukasaku, les petites mains du crime organisé (les prolétaires du Milieu dirons nous) vont s'entretuer dans un combat qui finalement leur échappera, nul ne voyant l'accomplissement de l'opération immobilière pas plus qu'il ne profitera des retombées économiques, les vrais gagnants du système n'étant pas montrés ici, ni même mentionnés. Qui sont les commanditaires ? Pour qui travaille Iwakiri ? Des questions sans réponse qui visent à dénoncer un système dans sa globalité.
Pour noircir le portrait, Fukasaku ajoute des indigents au tableau, des Burakumin, véritables laissés-pour-compte de la société qui vivent dans un taudis indigne d'un pays qui devient à cette époque la deuxième puissance économique mondiale, et auxquels les autorités ne vont s'intéresser qu'une seule fois au cours du film, lors d'une bagarre qui engendre beaucoup de désordre et un mort. Il est suffisamment rare de voir ce sujet traité dans le cinéma japonais pour le souligner.
J'ai le sentiment que Fukasaku, co-auteur du scénario, s'est comme dans son film précédent laissé aller à des messages plus personnels.
Sur la forme, on est encore dans du ninkyo mesuré. La présence de Kôji Tsuruta en figure paternelle sortie de prison est là pour nous en convaincre si on en doutait. Bunta Sugawara est encore très mesuré dans son rôle, tout comme Tatsuo Umemiya tiraillé entre son envie de faire du fric et son attachement pour la communauté dans laquelle il a grandi.
A la fin la grande purge traditionnelle a lieu, ce qui permettra au développeur du port de faire table rase et bâtir son usine.
Un Fukasaku rarement cité car noyé au milieu de ses grands succès mais un très bon film assurément.
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le 30 sept. 2024
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