Remake de The Blob : Danger planétaire sorti en 1958 avec Steve McQueen dans le rôle titre, Chuck Russell, réalisateur entre autre de The Mask et le troisième Freddy, sort en 1988, sa relecture de cette histoire mêlant à la fois science fiction et horreur, en faisant d’une masse gélatineuse venue de l’espace l’antagoniste de notre histoire. Ames sensibles, s’abstenir. Amateurs et autres curieux du genre, bienvenue à vous…
Aucun bocal de confiture à la fraise n'a été malmené pendant le tournage
J’en avais entendu parler, j’avais vu une référence plutôt sympathique dans Les simpsons (l’épisode en question vous le trouverez dans la saison 18 et il c’est le Simpson Horror Show XVII), mais jamais, je n’avais vu cette œuvre. Une erreur à très vite réparer. La surprise elle est bel et bien là. Au pays des films de monstres sur Terre, sous terre ou dans les fonds marins, il y a foule. Godzilla, The Host, Gremlins, King Kong, The Thing, Predator, sont par exemple des petites pépites à découvrir. Le genre de films dont les spectateurs raffolaient dans les années 50 et même encore aujourd’hui. L’âge d’or pour le cinéma de science fiction.
On le sait tous, les années passent, ces films vieillissent, certains réalisateurs décident de les dépoussiérer et les remettre au gout du jour. Ici, on va parler du Blob, ce monstre tout gluant, sorte de « slime » venu de l’espace qui sort des lavabos, passe silencieusement dans l’ouverture de votre portière de voiture ou s’incruste dans une cabine téléphonique pour vous engloutir. On est dans cette bonne vieille année 1988, Chuck Russell officie en tant que réalisateur et Frank Darabont (ancien showrunner de Walking Dead) s’attaque au scénario.
Du film de monstre à l’ancienne avec des effets spéciaux de l’époque. Une série B à gros budget qui arrive à mêler habilement mort dégoutantes (le premier décès m’a fait un sacré effet), drame, et choquantes à de l’humour noir. Des bras en moins, la peau qui fond comme du plastique, des corps pliés en deux/en quatre/en cinq et qui perdent complètement leur solidité, le réalisateur a une inventivité sans limites et nous, amateur de gore ressentant à la fois mal à l’aise et euphorie devant ces atrocités, on aime ça. Du politiquement incorrect où même un gosse innocent peut se faire engloutir par ce monstre gluant. Vous l’aurez compris, pas de grignotage pendant la séance. Surtout pas de chewing gum ! Vous le faites exprès ou quoi ?!
Quand y en a marre, y a blobabar
Coté casting, on a du monde, dont quelques petites têtes connues de stars qui débarquaient tout juste dans le métier (Paul McCrane alias le détestable et manchot Dr Romano dans Urgences, Jeffrey DeMunn alias Dale dans Walking dead). Pour ne pas vous divulguer toutes les surprises qui vous attendent, je ne reviendrai que sur trop personnages :
Donovan Leitch Jr interprète Paul, le beau gosse sportif, joueur de football américain. Poli, gentil, généreux, toujours là pour les autres, Paul a tout du gendre idéal. Il en pince pour Meg mais n’ose lui avouer ces sentiments. Il attend le bon moment et lorsque ce moment arrive, un SDF bien mal en point après avoir été en contact avec le blob viendra gâcher la soirée romantique que le jeune homme avait prévu.
Kevin Dillon (le frère de Matt) écope d’un des rôles principaux. Blouson en cuir, coupe mulet, cigarette à la bouche, moto, petit coté fragile masqué par un caractère fort et insolent, solitaire, pas de doute, Brian, c’est du rebelle à la eighties. Pas aussi charismatique qu’un Marlon Brando ou un Travolta, pas très expressif, bizarrement, ça n’impactera pas sur le jeu de l’acteur.
Shawnee Smith (qu’on a vu dans les 7 chaussettes, pardon Sept films de la franchise Saw) alias Meg, c’est la bimbo, la pom pom girl mais, surprise, une bimbo qui a de la matière grise, qui est un peu sainte nitouche (une première) ET qui, sans l’ombre d’un doute, a la bad ass attitude qui coule dans ses veines.
Est-ce que ces trois personnages que tout oppose seront présents pendant la totalité du film ou juste pendant une partie ? Là est la question.
S’il t’attrape il te gobe
L’intrigue commence calmement (avant l’apocalypse !!!), présentant ces protagonistes avec une manière très surprenante d’introduire l’enjeu de l’intrigue. Un début qui sonne films pour ados qui ont le feu dans leur slip kangourou. Ca accumule les clichés (le beau gosse sportif, la bimbos pom pom girl, le rebelle, le crétin obsédé, etc.), à la différence près, que les héros de notre film ne sont pas ceux que l’on croit.
Par la suite, Le blob part dans du pur film de science fiction avec bien entendu, de l’horreur, de l’épouvante, du sang qui coule à flot, des gens qui hurlent et courent partout. On mélange le tout avec un peu de bécotage et de pelotage (vous comprendrez avec ce film qu’avoir les mains baladeuses dès le premier rencard, ça peut se retourner contre vous). Le blob ne lésine pas sur les rebondissements, les effets de surprises et l’angoisse (rien que la musique, ça en dit long sur le reste). Un seul mot défini notre intrigue : imprévisible.
Le plus fort dans tout ça : les aprioris que l’on avait en lisant le synopsis du film, balayés en moins d’une quinzaine de minutes. Le pitch fait sourire, pourtant, Le blob ce veut sérieux tout en étant comique. On a beau partir dans l’exagération quand il est question de zigouiller de l’humain, jamais le ridicule ne se montrera (à la manière du film La mouche ou les deux premiers Chucky). Comment oublier cette célèbre séquence où un cuisinier se fait aspirer dans le siphon d’un évier par notre bêbête gluante ? Ce type de scène pourrait friser la bouffonnerie. Hors, ici, tout est tellement bien amené. Quelque soit la séquence, quelque soit tel ou tel élément, tel ou tel évènement, tel ou tel personnage, jamais ça ne sonnera stupide. Aussi, l’histoire, l’ambiance, la créature, tout résonne réaliste ce qui permet pour la première fois de crédibiliser une série B. C’est rythmé, nerveux, crade, terrifiant, forcément, on est prit dedans du début jusqu’à la fin.
Au final, Le blob a apporté suffisamment de fun pour me séduire. Une bien belle découverte. Scénario brillamment écrit, personnages attachants, musiques et ambiance angoissantes, humour bien amené, mélange habile de science fiction/horreur/comédie, effets spéciaux et trucages bien foutus n’ayant pas tant vieillis, un remake qui ne copie pas son prédécesseur en faisant mieux que ce dernier, un must grandiose de l’horreur nous faisant regretter cette époque où un réal savait écrire un scénario et bosser sur sa mise en scène. Un classique des années 80 à ranger aux cotés de La mouche.