Le Blob
6.6
Le Blob

Film de Chuck Russell (1988)


S'il avait un esprit, on pourrait le résonner. S'il avait un visage, on pourrait le regarder dans les yeux. S'il avait un corps, on pourrait le détruire. Maintenant, l'homme n'est plus l'être suprême sur cette planète.




La terreur n'a pas de forme



« Le Blob (1988) » est le remake de « Le Blob, danger planétaire » d'Irvin S. Yeaworth Jr. sorti en 1958, qui eut droit en 1972 à une suite intitulée « Attention au Blob » de Larry Hagman. Après le succès au box-office pour sa première réalisation avec "Freddy 3 : les griffes du cauchemar ", le cinéaste Chuck Russell essaye une nouvelle fois de marquer le cinéma d'horreur de son empreinte en proposant une véritable pièce de choix. Le Blob est clairement ce que l'on fait de mieux en matière de série B horrifique. Une œuvre implacable qui ne ménage personne. Que l'on soit vieux, adulte, adolescent, enfant... tout le monde peut se faire manger par le Blob. Un estomac insatiable qui dévore tout sur son passage. Il déguste chaque parcelle de votre corps. La souffrance est totale pour les pauvres bougres finissant dans sa gelée. Une mort atroce et viscérale. L'effroi dans toute sa noirceur. Un déluge de gore servit sur un suspense tendu à travers un rythme soutenu qui va dépeindre l'épouvante subie par les habitants d'Arborville, qui vont tomber comme des mouches. Le massacre est tel que nous ne nous posons plus la question de savoir qui survivra, mais qui sera le prochain.


Sur un scénario de Frank Darabont coécrit avec Chuck Russell, on découvre un survival horror engageant jamais avare en image forte. L'histoire à défaut d'être exceptionnelle à le mérite de nous plonger très rapidement dans le vif du sujet, à savoir le « Blob ». Pas de tergiversation futile : " on veut du sang, on veut de l'horreur, on veut des cris, et on va être servi ! " Le Blob est moche, ridicule, grossier, difforme. Rien de plus qu'une substance gélatineuse rose. Pour autant son appétence excessive en fait un véritable danger pour la populace. Un prédateur prêt à bondir sur sa proie. Apparaît alors la vraie horreur, lorsque le Blob se nourrit. Des moments abominablement intenses. On assiste impuissant aux supplices infligés aux pauvres victimes lorsqu'elles sont ingérées. Bien que la créature ne paye pas de mine, elle s'avère plus dangereuse que l'Alien de Ridley Scott. Seul la "Chose" dans The Thing du génial John Carpenter, qui est tout aussi épouvantable, pourrait éventuellement affronter le Blob. Une abomination qui mérite amplement de faire partie des créatures cinématographiques les plus effroyables et abominables du cinéma.



Une chose visqueuse s'est accroché à sa main. Je ne sais pas ce que c'est, mais ça le fait horriblement souffrir.



La réalisation est inégale. Une élaboration qui fait la différence entre les séquences dites "normales" et "anormales". Une conception qui au lieu de maintenir une technicité constante préfère se focaliser sur les moments importants. Lors des séquences d'action, la mise en scène s'accentue par un superbe cadrage avec des plans inventifs sur une photographie inventive de Mark Irwin. Les effets spéciaux sont comme je les adore : « artisanaux ». Des effets pratiques épatants gores et inventifs. Le travail fourni autour de la créature est sidérant, notamment lorsque celle-ci passe à l'attaque. Les maquillages et autres trucages autour des victimes sont sacrément bien foutu. Un génie macabre, sanguinaire et tortueux que la caméra de Chuck Russell ne manque pas de retranscrire avec machiavélisme. En 1988, pour parvenir à un tel résultat, il en fallait de l'imagination. Petit regret autour de la composition musicale de Michael Hoenig. Une partition portée vers l'étrange et le fantastique qui résonne plutôt bien aux oreilles mais qui est malheureusement mal employée.


Certaines scènes valent vraiment le coup d'œil comme :
- La charge de la bête dans le cinéma : scène ironique surtout lorsqu'on découvre le film qui passe au même moment.
- L'attaque dans la cuisine à travers l'évier : une mort pour le moins percutante et dégueulasse.
- Le pelotage dans la voiture : une vision horrifiante terriblement géniale !
- La poursuite dans les égouts : attentions aux gosses !

- La prise d'assaut d'une cabine téléphonique : vision de l'enfer pour la future victime.
Tant de séquences marquantes pour un résultat apocalyptique implacable. Si bien, que certains personnages que l'on ne s'attend pas à voir mourir périssent dans d'atroces souffrances. On ne sait jamais si la personne qui se fait poursuivre par la bête affamer va survivre ou non. Une conduite perturbante, inquiétant et surtout jubilatoire. La distribution fait appel à des comédiens peu connus, si ce n'est Jeffrey DeMunn. Le manque d'expérience est comblé par la direction d'acteur de Chuck Russell. Kevin Dillon sous les traits de Brian Flagg fait le boulot. Shawnee Smith en tant que Megan Penny est convaincante. Je salue la sympathique apparition du réalisateur qui apparaît dans la fameuse scène du cinéma en tant que gérant de l'établissement. Mention spéciale à Del Close qui sous les traits du révérend Meeker offre une performance qui fait froid dans le dos. Il conclut le récit sur une vision cauchemardesque où celui-ci se prend pour l'ange destructeur annonciateur de la fin du monde à venir.



CONCLUSION :



Le Blob réalisé par Chuck Russell est un film d'horreur radical. Une vision dévastatrice totalement assumée par le cinéaste qui a voulu marquer le coup et on peut dire que c'est réussi. Un cauchemar ambulant qui va plaire aux amateurs de gore. Si le long-métrage souffre de quelques problématiques dans son élaboration, il reste une œuvre infernale qui vaut clairement le détour. Avis aux aficionados de monstres terrifiants le Blob est dans la place et il a faim !


Un détour obligatoire pour les amoureux de The Thing.



J'ai l'impression d'être un unijambiste dans un concours de coup de pied au cul !


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le 5 juin 2018

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