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Je n’avais vu de Chuck Russell que The Mask, qui ne m’a jamais convaincu car assez hermétique aux pitreries de Jim Carrey autour duquel tourne le film. Et si je connaissais The Blob de réputation, je m’imaginais une série B un peu désuète, aux effets passés et où je me surprendrais à loucher vers mon portable de temps à autre. Une belle erreur de préjugé tant ce second film du réalisateur, sur un premier script d’un tout jeune Frank Darabont, est un petit sommet du body horror. Si on est effectivement dans du B, on est dans le haut du panier.
On n’échappe pas aux personnages archétypaux du film de petite ville de province américaine : le shérif, la serveuse, les étudiants jocks et le rebelle…Et si The Blob conteste, il conteste mollement : tacles au système de santé, à l’Amérique puritaine, aux flics, au gouvernement. La menace vient autant de l’amas informe que de l’intérieur. Mais l’oeuvre est un avant tout un délire de sale gosse qui n’hésite pas à se lâcher dans le body horror, fournissant des images uniques de dissolutions corporelles, n’hésitant pas à crever un gamin de la plus belle des manières, et sachant être drôle sans tomber dans le parodique.
Car le film ne fait pas de second degré, mais il incorpore beaucoup d’éléments comiques. De l’héroïne qui ne sait pas ouvrir des portes aux mises à mort inventives dont une qui rappelle le sergent instructeur de Full Metal Jacket (“J'te parie que t'es capable de pomper une balle de golf à travers un tuyau“), en passant par la parodie de slasher que les gamins vont voir en salle (“Wait a minute… Hockey season’s over”), tout est là pour qu’on se prenne à rire. Une tonalité qui rappelle Joe Dante, mêlant horreur et comédie, jusqu’à avoir une scène dans un cinéma qui confère un petit aspect méta.
Clou du spectacle, la créature est franchement réussie et crédible de bout en bout, si ce n’est quelques plans larges malheureux sur la fin. Cette menace en forme de chewing-gum rose bonbon qui grossit au fur et à mesure du carnage est palpable, organique, et rappelle les meilleurs moments de The Thing ou La Mouche.
J’avais bêtement repoussé The Blob dans un coin de mon esprit comme un film à voir un soir de disette, prêt à le voir avec un prisme un brin moqueur. Mais il s’est révélé être un festival drôle et gorasse pleinement réjouissant. Le classicisme confondant de son histoire est balayé par une forme qui laisse rêveur l’amateur de splatter et de body horror que je suis. Ça me donne bien envie de voir le Freddy du cinéaste.