Il serait intéressant de mesurer les kilomètres de merde que produit Netflix chaque année, merde qu'il arrive toujours à enrober tellement bien qu'on pourrait croire avant de lancer vraiment le film qu'elles ont autre chose à offrir que du cinéma sans ambition, ni sur le plan du scénario, ni sur le plan artistique. A croire que tout ce qui les intéresse est d'attirer du monde sur sa plateforme que j'aurais quittée si des membres de ma famille ne regardaient pas des séries dessus. Du coup, je tente d'en profiter même si acheter des films directement serait probablement la fois moins cher et plus direct pour trouver les films qui m'intéressent.
Cette parenthèse étant fermée, intéressons nous à ce Bon apôtre. Sur le papier, il y a de quoi s'enthousiasmer : une île mystérieuse, une communauté organisée autour d'une religion limite sectaire (en théorie du moins, des mauvaises langues pour rebondir sur celle là ?) et de son prophète, une ambiance glauque et des rituels interdits. Tout est là pour ressusciter un genre autrefois plutôt répandu mais qui s'est divisé en deux : le film historique réaliste d'une part et le bon vieux film d'horreur bien naze avec sa petite fille méchante d'autre part. En effet ce film rappelle un peu l'ambiance des bons vieux Merlin et compagnie même si le sujet et l'époque sont bien différentes.
Une réussite donc ? Eh bien non, passés le logo 18+ et quelques minutes (même pas une dizaine), on se rend compte qu'on est tombé sur un film tout inoffensif et gentillet en sus de ne pas être crédible avec ses poncifs de mise en scène et de personnages vus et revus (le héros et sa chérie bien propres quand tout le monde semble être sorti de la fange, les Roméo et Juliette du village, etc.).
Si la violence est crue, il n'y a jamais vraiment de sentiment de désespoir dans ce village tant les personnages - même le gros bourrin de service, pas bien méchant vu ce qu'il a fait et non dit, qui prend le pouvoir à peine un jour - sont niais et tout mignons. L'apôtre - personnage complètement dénué de charisme - est plutôt un gars soft et ses bouffons arrivent à laisser s'échapper un mec sur une île minuscule et dans des coins qu'ils connaissent (la preuve, sa fille - qui est la seule femme habillée avec de beaux vêtements tout neufs presque citadins - l'a trouvé sans même chercher). Malgré quelques punitions, les villageois semblent aller plutôt bien et on se demande en fait quel est le vrai problème du village tant tout le monde semble frais (sales mais bien en forme) et pimpant. La preuve, ils se barrent de l'île comme si de rien n'était en deux temps trois mouvements.
En plus de ce problème, le film se perd en sous-intrigues à peine éflleurées qui finissent par être oubliées sans aucune conclusion, ni positive ni négative ; le fric qu'ils cherchent sur un type dont on ne connaît pas l'identité, la "guerre" contre les autres nations, l'espionnage, la soeur enlevée (à quoi elle sert exactement si ce n'est une raison de venir sur l'ïle ?), etc. Quant à la partie fantastique, je dirais qu'il aurait fallu choisir : soit ils développaient ce sujet avec l'ambiance et la subtilité naturaliste qui allait, soit ils se contentaient de développer cette idée de religion qui contrôlait la communauté avec la peur, le glauque et la douleur que ça induisait. Mais là...que dalle, rien, ce film ne fait que dérouler une histoire d'aventure banale pour le genre avec un cadre qui est inexploité. La pauvre surprise de la fin ne sauve même pas le film puisque ce sujet est inexploité.
Et c'est dommage car cete île, l'esthétique rappelait un peu l'acte IV e The Witcher. Mais le film est trois tréfonds en dessous, pardon, au moins une centaine de tréfonds en dessous...
En conclusion : film fade presque pénible à finir.