Décidément, le cinéma de Claude Lelouch de ses jeunes années est passionnant à découvrir. Bien loin de son cinéma ronflant du 21e siècle (en tout cas c’est l’image que j’en ai). On suit ici les pérégrinations de petits voyous qui vont se heurter à l’occupation durant la seconde guerre mondiale. On pense suivre une petite comédie d’aventure sympathique pour finalement verser dans une certaine noirceur. Et ce que j’aime chez le jeune réalisateur, c’est la liberté qui se dégage de l’œuvre. On multiplie les longs plans séquences, parfois chorégraphiés minutieusement avec beaucoup de figurants. On propose une photographie sépia douteuse dont Jean-Pierre Jeunet n’aurait pas renié mais qui a le mérite de donner un certain cachet au film. Et le casting haut de gamme fait le reste notamment dans certaines séquences ou l’on sent que Lelouch laisse de la place à ses acteurs et étire une scène de danse, un regard complice etc
Cette liberté s’accompagne d’un montage hasardeux et sec qui manque parfois de liant entre plusieurs séquences fortes. Malgré les deux heures, le rythme est dense et les péripéties s’enchaînent, au détriment de l’émotion. Une tare récurrente dans le cinéma du monsieur il me semble. Avec pour dernière ombre au tableau, une fin abrupte qui donne la sensation de terminer le film au point de tension ultime avec l’affrontement de deux hommes en perspective. Un sentiment d’inachevé qui laisse un mauvais arrière-goût lorsque la promesse d’une suite ne semble jamais avoir été tenue. Dommage. Pour autant, ce serait injuste d’oublier les nombreuses qualités des 117 minutes précédentes au côté de Jacques, Simon et Lola.