Un jour, un type bien m'a dit que ce qui faisait que l'Odyssée est un très grand livre, c'est qu'Homère vous ouvrait totalement et vous donnait la sensation "d'avoir vécu" pleinement, votre vie ou quelque chose d'autre, mais d'avoir vécu. Et bien, Leone, c'est exactement la même chose. De bout en bout, bien sûr si la B.O. de Morricone ne vous met pas déjà au septième ciel avant l'heure.
Les héros puent, à peu d'exceptions près, disons qu'ils sentent bon le sable chaud. Mes légionnaires. Vous voyez le truc ? Bref, comme Ulysse, ils sont loin d'être malins, et c'est tant mieux, parce qu'à trop tergiverser on oublie d'appuyer sur la gâchette. Ici c'est la caméra qui tergiverse, qui joue au suspens, qui enchaine les plans serrés, qui vous laisse savourer la tension des mains aux révolvers, doucement, très doucement, et pour cette raison avec brio.
J'aime les films intellectuallo-pédants, vraiment, toujours après le café. Mais là, aucun besoin, ce film est la preuve même que le cinéma n'a pas nécessairement besoin d'un quelconque discours tordu dans tous les sens pour "se faire" cinéma ; la preuve aussi qu'avec des moches qui puent et trois heures de grand soleil chaud qui vous tranche les orteils, on peut faire un film parfait. Sur toute la ligne et un peu plus loin encore.
Par contre, Sergio, ne m'en veux pas, mais tu aurais pu laisser Eastwood crever dans le désert, ça lui aurait évité de devenir réalisateur.
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