Il m'en aura fallu du temps pour voir et assimiler ce classique du cinéma, cette référence du genre, cette fresque dont seul Leone en a le pouvoir. Western de grande renommée, et ce à juste titre, "le Bon, la Brute et le Truand" est bel et bien une pépite valant bien plus qu'un simple coup d’œil.
Dernier volet d'une magnifique trilogie, ce film s'éloigne complétement du style de ses prédécesseurs provoquant un effet de surprise absolument délicieux. L'histoire ne possède rien d’innovant sur papier, c'est une "simple" alliance entre cow-boys bons ou déchus en quête de fortune sous fond de guerre de Sécession. Ajouté à cela la durée très imposante du film, ça aurait pu ne pas fonctionner. Seulement, c'était sans compter les génies derrières ce projet. Un mot à utiliser au pluriel évidemment car ce n'est pas le fruit d'un seul homme, mais bien d'une collaboration inoubliable au cinéma qui a permis à ce film de faire partie des monuments du 7e art.
Cette trilogie, on la doit en partie au génie de Leone, ce réalisateur de talent qui n'a pas son pareil pour mettre en image des fresques ("Il était une fois en Amérique") ainsi que des Westerns grandioses. Il a un sens du détail, de la mise en scène, il a ce petit quelque chose malheureusement trop souvent absent de nos jours qui le placent parmi les meilleurs.
Il prend son temps, filme posément tout en apportant une certaine magie à ses oeuvres. Souvent pauvres en dialogues, ses scènes intenses trouvent principalement leur puissance à travers des regards, des décors somptueux, des effets techniques mais aussi par le biais d'une musique de légende. Pour ce faire, qui de mieux que son compositeur attitré Ennio Morricone à qui l'on doit un travail remarquablement inspiré. Il livre une bande originale de folie, entraînante, inoubliable et évidemment culte. Après la séance, le thème reste en tête, on le sifflote, le fredonne, c'est une pure merveille.
Le bon, la brute et le truand. Trois personnages qui au final se valent tous. Aucun n'est réellement mis en valeur dans ce film. Le côté du bien n'existe pas vraiment, et pourtant on prend un malin plaisir à suivre ces (anti) héros. Grâce à leur brillante écriture, leur complicité et le talent de leur interprète, ces personnages marquent le film au fer rouge. C'est certainement l'un des plus beaux trio vus au cinéma et qui participe pour beaucoup à la réussite du film.
Le film n'est pas avare en grandes scènes, tantôt jubilatoires, tantôt émouvantes ou encore violentes, il y a un parfait équilibre entre les différents tons utilisés qu'on ne peut qu'y prendre du plaisir. Leone a le sens du spectacle, et le prouve encore une fois lors du final dantesque. Une pure merveille comme l'était celui de son prédécesseur. Alliant tension, émotion, épique, il offre une palette d'émotion au spectateur qui n'en demeurera pas indemne. Le tout parfaitement orchestré sous fond de "The Ecstasy of Gold" (ou l'un des plus beaux morceaux).
Bref, si "Et pour quelques dollars de plus" reste mon Western d'enfance, ce "Good, Bad and Ugly" n'a pas volé sa réputation. Un Western de qualité servi par d'inoubliables interprètes, un Ennio de folie et un regretté Leone. En un mot, puissant.