Le Bon, la Brute et le Truand par TheScreenAddict
Les destins croisés de trois héros solitaires à travers une Amérique ravagée par la Guerre de Sécession. Le scénario, à la fois ample et riche, épouse à la fois l'individualité des personnages et une dimension historique plus générale, celle du conflit. On a l'impression de nager en plein chaos, dans l'intrigue comme dans l'espace représenté à l'écran : on est dans un désert où règnent la folie, l'errance, la cupidité et la violence. Les repères s'effacent, l'histoire perd son sens jusqu'à l'absurde (effarante scène du pont imprenable). Leone poursuit la construction de ses propres codes, notamment dans la mise en scène des caractères, avec cette manière de cadrer les visages qui n'appartient qu'à lui, qui confine parfois au grotesque, au grand-guignol. Eli Wallach livre une performance d'acteur impressionnante, jusqu'à faire de l'ombre au autres, Eastwood compris, à tel point que le personnage campé par Lee Van Cleef semble presque effacé, à moins que ce ne soit un effet voulu par le metteur en scène. La Brute, incarné par Wallach, donne une belle intensité et un humour ravageur à l'histoire. Enfin, comment ne pas témoigner son plaisir face à l'emploi admirablement décalé de la musique par Morricone, qui fête ici sans cesse les noces improbables du lyrisme et de la bassesse loufoque. Grandiose !