Un conte de Noël

Nous avons là affaire à un très beau film d'animation, à l'esthétique principalement fondée sur la ligne claire et l'épure et à la portée universelle. Dianne Jackson s'adresse aux plus petits par la voie du voyage initiatique, tout en permettant aux adultes la réminiscence d'une enfance révolue, comme laissée morte, à l'image de ce bonhomme de neige fondu à la fin du film. Sans aucun dialogues explicatifs mais accompagné de la magnifique musique d'Howard Blake The Snowman parle avant tout de l'enfance et sa magie intrinsèque : un monde où tous les rêves sont possibles, où les idées créatrices se décuplent au simple bon-vouloir d'une neige abondante, d'un chapeau et de trois morceaux de charbon...

The Snowman est surtout célèbre pour la superbe séquence du Walking in the Air, poignante envolée par-delà le monde et les paysages nocturnes. Séquence d'anthologie de laquelle Abbas Kiarostami reprendra le fameux thème musical pour son Ten ( qui est, à sa façon, un autre très beau film sur l'enfance...). Si Dianne Jackson se débarrasse du verbe c'est surtout par foi dans ses images, succession de tableaux poétiques qui racontent l'amitié secrète entre un enfant et son ami de neige.

La courte durée du métrage semble évoquer à elle seule l'éphémère de cette relation, enseignant avec gravité la terrible Loi de la séparation aux enfants tout en rappelant aux adultes la désillusion des rêves hivernaux. D'une certaine manière la mort du bonhomme de neige suggère autre chose, peut-être encore plus dur à accepter pour l'enfant : il n'est plus temps, de notre âge, de croire au Père Noël...