Le Bossu de Notre-Dame
6.6
Le Bossu de Notre-Dame

Long-métrage d'animation de Gary Trousdale et Kirk Wise (1996)

Que toutes les âmes puissent entendre la voix de son coeur

Aaah, j'avais oublié à quel point ce film pouvait me faire pleurer...
Parmi les grands classiques, "Le Bossu de Notre-Dame" s'inscrit sans aucun doute parmi les plus émotionnels, et un des premiers qui me touchent droit au coeur en termes d'émotion pure et d'empathie pour ses personnages.


Des émotions qui passent particulièrement par les numéros musicaux de Quasimodo, Esmeralda et Frollo, ainsi que l'intro de Clopin. Des chansons dont émergent des émotions brutes, violentes, tristes et malfaisantes, qui nous disent tout ce que nous avons besoin de comprendre sur les personnages en ces quelques phrases musicales.


L'homme est-il un monstre, ou le monstre un homme ?


Clodo, le héraut de l'histoire, vient exprimer la voix de son peuple, mais surtout introduire l'histoire de Quasimodo. Et quelle introduction ! "Les Cloches de Notre-Dame" fait vraiment résonner grâce à ses choeurs majestueux et magnifiques toute l'amplitude de l'histoire qui s'annonce. Dès le début, on est frappé de plein fouet par l'émotion brute de la musique, par sa terreur lancinante, annonciatrice de malheur, de peur et de mort. La poursuite à cheval a quelque chose d'effrayant et d'angoissant, et alors qu'on espérait la survie d'une mère courageuse qui défend son petit, la pauvre âme vient trouver la mort sur le parvis de Notre-Dame, Frollo se voit obliger d'élever Quasimodo, scellant par la même occasion son destin.
Le ton est donné en ces quelques minutes, et on ressort le souffle un peu coupé lorsqu'on voit enfin Quasimodo à l'âge adulte, assigné à l'écart en tant que sonneur de cloches.


Je... crois... qu'ils n'entendent pas... la voix de mon coeur...


La chanson de Quasimodo est introduite par Frollo, qui remet ses barrières et ses chaînes psychologiques en place, afin de le garder éloigné de tous. Si le sort semble fonctionner au premier abord, on se rend vite compte que Quasimodo, aussi bridé par son maître et tortionnaire soit-il, conserve en lui ce désir brûlant et ardent de se mêler à ses semblables.
Des années de maltraitance, et pourtant sa nature bienveillante reste intacte, éclatant de toute part dans ce numéro déchirant et magnifique à la fois. Une ode au bonheur simple de simplement vouloir vivre dignement, parmi les autres, ses semblables.
Quasimodo est une grande réussite de l'univers Disney, et sans aucun doute un de mieux traités dans le registre de ses émotions et de son arc narratif.


Éclaire, la misère, des coeurs solitaires


Bien trop souvent mise de côté, Esmeralda n'est certes pas une princesse Disney, mais elle a tout d'une reine. Une femme mature et sublime, aussi bien d'apparence que d'esprit, d'âme et de coeur. Sa chanson exprime toute sa compassion pour ses semblables, souhaitant une vie meilleure pour tous les malheureux qui marchent sur terre. Cet hymne déborde d'une spiritualité et d'une générosité extraordinaires, des qualités souvent absente des grands classiques musicaux Disney, bien plus tournés sur l'émotion et le besoin du personnage qui le chante.
Il en ressort une chanson unique, à l'image de son personnage, et qui me fait pleurer à chaque fois.


Ou faites qu'elle soit à moi, et à moi seul...


Si Frollo a introduit la chanson de Quasimodo, les rôles sont ici inversés, avec un superbe parallèle.
Là où Quasimodo exprime d'une voix douce un amour naissant et pur pour la belle gitane, Frollo exprime en écho tout le désir bestial et possessif de l'homme dans ce qu'il a de pire, celui qui vient s'asseoir sur le consentement de la femme et fouler sans remord sa dignité pour obtenir ce qu'il souhaite et satisfaire ses bas-instincts.
Une chanson absolument terrifiante, tant le mode de pensée du juge est répandue parmi beaucoup trop de ses semblables. Le refus de prendre la responsabilité de ses sentiments, diaboliser l'objet de leur désir, maudire sa liberté et lui refuser son libre-arbitre...
Sans aucun doute la meilleure chanson pour un méchant Disney, celle où le vilain se drape d'une aura de droiture pour justifier ses actes horribles.


♫Hourra, pour Quasimodo♫


Si les paroles viennent résonner en moi dans les numéros précédents, il y a tout de même une scène où les silences et les regards valent toutes les paroles du monde. Si l'introduction est parfaite, la conclusion vient lui faire écho directement et nous mettre en pièce émotionnellement une dernière fois avant de nous quitter. J'adore ce plan où Esmeralda tend la main vers le bossu en vue à la première personne, puis Quasimodo qui se retrouve ébloui par sa sortie des ténèbres. Le silence du peuple qui ne sait pas comment réagir, et puis la bonté d'une enfant qui vient lui tendre la main et lui qui l'accepte ensuite. Il a enfin accédé au bonheur dont il a tant rêvé et qu'il mérite amplement, et ce sera pour bien plus d'un jour.


Et les cloches sonnent, sonnent, sonnent, sonnent... Sonnent !!!


"Le Bossu de Notre-Dame" est un de ces films où il est relativement facile de chipoter sur ses défauts, notamment en termes d'adaptation.
Pour ma part, je considère que ses forces sont tellement gigantesques qu'elles oblitèrent complètement tout ce que je pourrais potentiellement lui trouver comme reproches.
Une réussite absolue du studio malgré le pari terriblement risqué, et à la musique qui continue de résonner en moi depuis toutes ces années.

Créée

le 14 mai 2020

Critique lue 273 fois

7 j'aime

Therru_babayaga

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