L'un des derniers bons films de la firme aux grandes oreilles. Judicieusement adapté de l'œuvre célèbre de Victor Hugo, Le Bossu de Notre-Dame s'avère étonnamment plus sérieux et dramatique que d'ordinaire. En effet, loin des histoires d'amour ou des aventures rebondissantes, le film des auteurs de l'Oscarisé La Belle et la Bête est à la fois sombre et coloré, drôle et émouvant, traitant du même sujet aussi sérieux que le roman : la discrimination.
Ainsi, loin des clichés de Disney, le long-métrage renouvèle le genre, devenant plus proche d'un véritable film à part entière que d'un quelconque dessin animé pour enfants. Mais que l'on se rassure, cette nouvelle adaptation conserve tout de même les ingrédients nécessaires à émerveiller les tout petits : des personnages attachants, des gags peut-être épurés mais franchement drôles et des chansons tout sauf niaises, variant entre le mélancolique et le festif à travers des paroles brillamment écrites et mises en scènes.
On s'attache immédiatement à ce pauvre Quasimodo, à la belle et forte Esmeralda et même au fougueux Phœbus tandis que l'on haïra sans vergogne l'un des plus cruels méchants créés par Disney : le diabolique Frollo, juge raciste et fanatique dont le calme et le flegme n'ont d'égal que ses excès de colère intempestifs et sa soif de cruauté. Particulièrement violent dans le fond, le long-métrage n'omet avec surprise pas les grands moments (aussi douloureux soient-ils) du roman comme le lynchage de Quasimodo ou encore les avances de Frollo envers Esmeralda.
Contrebalancé par des passages plus drôles, le plus souvent servis par les trois gargouilles bavardes de notre héros difforme ou par la chèvre d'Esmeralda, ce côté dramatique unique et assez inhabituel à une production Disney apporte son lot de nouveauté à une franchise de plus en plus parfaite, enchaînant alors les chefs-d'œuvre durant les années 90. Au final, avec ses prouesses graphiques absolument sublimes (la sonnerie des cloches, la descente de la cathédrale...), son scénario adulte et ses chansons réussies, Le Bossu de Notre-Dame tire la larme à l'œil, aussi bien dans son humour que ses passages émouvants.