Le Bossu de Notre-Dame
6.6
Le Bossu de Notre-Dame

Long-métrage d'animation de Gary Trousdale et Kirk Wise (1996)


Clopin vous dira tout : ceci est l'histoire, l'histoire d'un homme... et d'un monstre !



Quand on pense aux Disney marquants des années 1990, on pense sûrement en premier lieu à Aladdin, La Belle et la Bête ou bien entendu Le Roi Lion. Et il y a eu aussi Le Bossu de Notre-Dame, qui dans un premier temps a surtout fait parler de lui à cause des critiques qui lui reprochaient de trop nombreuses libertés avec le livre de Victor Hugo dont il est adapté, et qui n'aura aussi peut-être pas totalement trouvé son public à cause de son approche très sombre, diminuant les chances de compréhension par le jeune public.


Je pense d'ailleurs que c'est ce qui fait pourquoi j'ai une si grande affection pour ce film. J'adore l'approche faite par Disney pour raconter une histoire aussi violente et mature. Entre notre homme difforme du nom de Quasimodo, cloîtré dans sa tour avec une bonne dose de torture psychologique au passage (qui se met donc à croire les "bons enseignements" de son "maître"), et le juge Claude Frollo, ignoble individu persuadé d'être bon chrétien malgré tous ses crimes à l'encontre de l'humanité commis par rejet de la différence, sur le plan de la monstruosité, il n'y a qu'un pas, mais à un différent niveau.


L'homme est-il un monstre ? Ou le monstre, un homme ?


Oui forcément, par rapport au livre, il y aura donc moult modifications apportées à l'histoire de base pour que ça reste tout de même à destination du jeune public. Et ça n'empêche pourtant pas le film d'apporter son lot de violence dans son récit, occasionnant un côté sombre souvent présent. Il y aura bien sûr des scènes plus légères pour détendre l'atmosphère à quelques reprises, au festival des fous (encore que la torture mentale sur notre Quasimodo ne s'en trouve qu'amplifiée lors de la chute) ou encore avec les trois gargouilles interagissant seulement avec notre héros. Mais elles n'impactent pas forcément toute la puissance que dégage le récit.


En somme, Frollo est un antagoniste parfait pour ça. Un salopard de la pire espèce, voyant le mal s'étendre partout mais ne remarquant pas la noirceur de son âme, partant ainsi à la chasse aux bohémiens qu'il juge démoniaques, et ne laissant personne se mettre en travers de son chemin. Et qui finira par désirer Esmeralda, ce qu'il exprimera dans le fantastique morceau Infernale, chanson qui agit comme une explosion de violence et de noirceur, comme un grand tourment tant sur Frollo que sur le spectateur.


Mais à mon sens, le passage le plus frissonnant du récit demeure l'introduction. Sous le sons lointain des cloches et des chœurs qui résonnent avant même l'apparition du logo Disney, précédant l'envolée de la chanson qui éclate en même temps que les tours de Notre-Dame apparaissent au-dessus des nuages. Chanson d'exposition pour la cruauté de Frollo et le recueil par ce dernier malgré lui de Quasimodo, qu'il cloîtrera au sommet de l'église. Un morceau puissant, avec d'ailleurs un fantastique travail d'approche de l'antagoniste, montrant sa persuasion sur le côté pur de son âme mais qui finit par voir "son pouvoir glisser dans les flammes" quand il se fait juger à son tour, "au pur regard de Notre-Dame".


Notre-Dame d'ailleurs que, comme ce fut souvent souligné, l'on peut voir comme un personnage à part entière du récit. Mais aussi comme le vrai centre du récit, le lieu où se dégage toute la portée émotionnelle de l'histoire. Où Esmeralda laissera parler ses sentiments, éclairée par la lumière chaleureuse de Notre-Dame, au travers de la belle chanson Les bannis ont droit d'amour, et qui agira comme le lieu concerné par le "droit d'asile". D'ailleurs, la violation de ce sanctuaire par Frollo à la fin sera l'élément déclencheur du soulèvement du peuple face à lui.



Citoyens de Paris ! Frollo a persécuté notre peuple, saccagé notre cité ! Maintenant, il déclare la guerre à Notre-Dame ! Allons-nous le laisser faire ?



A côté de toute la portée humaine qui se dégage du scénario, de sa puissance et sa force, on peut compter sur la maîtrise du gigantisme des deux réalisateurs Gary Trousdale et Kirk Wise, qui l'avaient déjà prouvé avec La Belle et la Bête (et dont le climax final pourra rappeler celui du précédent film, les deux ayant la même approche avec le côté comique de l'affrontement peuple contre gardes et le côté prenant et poignant du duel entre le héros et l'antagoniste). La maîtrise de l'animation est remarquable, n'a que peu vieillie, on sent encore à moult reprises les frissons déclenchés par certains plans toujours remarquables.


On pourra reprocher des choses au Bossu de Notre-Dame, moi de même. Les gargouilles inégales et aux gags souvent hors de propos, le traitement maladroit de l'archidiacre qui semble ne pas se soucier que Frollo séquestre Quasimodo, Phoebus sympathique mais dont la relation avec Esmeralda apparaît un peu forcée... Mais à chaque fois que je le revois, je suis soufflé par son sens de l'épique, son côté grande fresque humaine tragique et grandiose, qui me touche beaucoup. C'est d'une dureté incroyable, et en même temps c'est si beau. Et c'est ce qui fait du Bossu, selon moi, une des plus grandes perles de chez Disney.



Et les cloches, sonnent, sonnent, sonnent...


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le 14 janv. 2018

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Nick_Cortex

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