Quand les rats musclés de la campagne investissent Hong Kong pour y récolter les paillettes que les promesses de la grande ville fait briller dans leurs yeux, les choses tournent mal. Ce qui devait être un casse millimétré sans accroc mute en descente infernale vers l'enfer, le tout ponctué par une violence qui se fait de plus en plus sèche et meurtrière. En dosant à merveille sa façon d'user de la caméra à l'épaule, Johnny Mak nous invite au coeur des ruelles malfamées d'un Hong Kong mal fréquenté. Au contact de cette ville poisseuse, où le luxe côtoie la misère, les jeunes arrivants qui n'ont que leurs rêves pour les nourrir, se laissent rapidement gangrener par un monde de violence au fort potentiel de contagion. Ces bons vivants aux principes aussi vertueux que celui de la famille, que l'on nous a présentés comme sympathiques dans les premières minutes du film, vont se métamorphoser en semeurs de mort dont le seul leitmotiv prend la forme d'un bon paquet de biftons.


La puissance du film de Johnny Mak est sa parfaite maîtrise de ses personnages. De ce petit groupe qui paraissait inoffensif, il parvient à extraire une menace que l'on sent réelle en fin de métrage. Ceux qui nous faisaient rire, lorsqu'ils découvraient les suites luxueuses des prestigieux hôtel de Hong Kong, se départissent en effet de leur innocence, au fur et à mesure que les minutes s'écoulent. Dirigés par un leader qui avait déjà un pied dans l'engrenage, tous finiront par perdre de vue les espoirs d'un coup unique qui devait leur permettre de vivre tranquillement par la suite dans leur bled natal.


Polar ultra nerveux lorsqu'il fait parler les armes, que ce soit lors d'un meurtre préparé qui se finit par une glissade sanglante sur une patinoire, ou pendant une course poursuite ultra tendue dans des ruelles suffocantes peuplées d'idées macabres, Le bras armé de la loi jongle avec la rétine de son spectateur sans jamais la ménager. Johnny Mak insuffle à son film une fougue totale qui l'habite pendant plus d'une heure et demie. Une dynamique narrative implacable que permet au cinéaste de dessiner un final désespéré qu'il ponctuera par une conclusion noire en diable, s'imposant comme la seule issue possible au requiem tonitruant qu'il a composé.

oso
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le 12 juin 2014

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