On ne les attend jamais, mais quand ils sont annoncés, on finit toujours par aller voir les films de Bertrand Blier.



Bertrand Blier est un cinéaste à part et complètement iconoclaste dans le paysage du cinéma mondial.



Ces films sont presque toujours absurdes, provocateurs, malsains, décousus, surréalistes et prennent toujours le spectateur à rebrousse poil avec un anticonformisme de tous les instants.

Tel un hussard anarchiste, il n'a de cesse de pourfendre la bourgeoisie, l'ordre établi, les convenances et le rationnel.



Malgré tout, on trouve toujours une certaine marque de fabrique qui fait que l'on craque et qu'on y retourne presque toujours voir ses film un plaisir non dissimulé mais souvent coupable.



Il faut dire que Blier est un dialoguiste exceptionnel faisant la part belle à l'humour noir, au second et au troisième degré.

Il est aussi un formidable directeur d'acteurs.

En plaçant dans la bouche de ses interprètes les pires insanités, des moments de poésie solaires ou des envolées absurdes totalement lunaires qui surprennent le spectateur en le choquant, ou en le faisant rire jaune avec son humour bien noir.



Ce style, qui lui est bien propre, lui a valu de gagner un oscar et de nombreux césars, d'être primé à Cannes et à Venise et d'etre considéré comme l'un des auteurs les plus important du cinéma français.



Dans la grosse quinzaine de films qui l'a mis en scène il a dirigé les plus grands acteurs français de ces Quarante dernières années.

De son acteur fétiche, Gerard Depardieu en passant par son père Bernard Blier, Patrick dewaere , Coluche, Michel Blanc, Jean Pierre Marielle, Philippe Noiret, Jean Rochefort, Alain Delon, Gerard Lanvin, Michel Galabru, Thierry Lhermitte, Miou Miou , Josianne Balsko, Carole bouquet, Monica Belucci, Charlotte Gainsbourg, Michel Serrault, Edouard Baer, Jean Louis trintignant, jusqu'à Jean Dujardin et Albert Dupontel dans son dernier film, tous avouent avoir pris énormément de plaisir à faire vivre les dialogues de Bertrand Blier et bien souvent de malmener leur image de marque.



Certains de ses films ont rencontré de grand succès public comme les Valseuses (que je n'aime pas), Tenue de soirée, Trop belle pour toi , La femme de mon pote, Beau père ou Merci la vie.

D'autres comme Calmos, Buffet Froid sont devenus totalement culte.

D'autres comme Mon Homme ou Combien tu m'aime sont en passe de leur devenir.



Vous l'aurez compris, je ne savais pas trop à quoi m'attendre en allant voir le Bruit des glaçons.

Bien sur le duo Dupontel Dujardin était plus qu'aguichant.

Le sujet, Un écrivain alcoolique et dépressif rencontrant son cancer matérialisé en Albert Dupontel était un sujet bien casse gueule sauf dans les mains de Bertrand Blier.



Le résultat est totalement atomisé. Encore une fois, on ne sait pas si l'on a détesté un film qui nous a pourtant bien fait rire.

Les dialogues du premier quart d'heure sont dignes de ce que Bertrand Blier a fait de mieux

Le reste du film part dans tous les sens. Si l'on est touché par l'interprétation de Christa Teret (Vue dans Lol) dans le rôle de la pute Russe, le personnage d'Anne Alvaro, la gardienne, ne m'inspire au contraire qu'un profond dégout.



Dujardin et Dupontel font un numéro de duettistes séduisants tant qu'il ya une pointe d'humour noir, même acidulé.

On est nettement moins séduit quand ils sombrent dans le pathétique et que le film est rattrapé par certaines obsession typiquement Blierienne comme l'accouplement d'Anne Alvaro avec le jeune fils de Dujardin.



Le Bruit des glaçons est donc à l'image du Cinéma de son auteur , particulièrement indigeste et pourtant bien savoureux par moments.

Ce n'est pas un grand Blier.

Ceux qui découvriront le cinéaste par ce film ne seront pas nombreux à aller voir plus loin.

Ceux qui le suivent depuis longtemps y trouveront la marque de l'auteur mais citeront d'avantage Buffet Froid, Trop belle Pour Toi, Merci la vie que l'on ne peut que vivement recommander aux néophytes.

En revanche ceux qui se sont déplacés pour voir une bonne comédie grand public avec Jean Dujardin et Dupontel auront peut être quitté la salle avant la fin.
ldekerdrel
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le 25 juin 2012

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ldekerdrel

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