Cinq ans après Combien tu m'aimes?, Bertrand Blier revient derrière la caméra pour nous asséner une nouvelle comédie mordante sur un sujet délicat : le cancer. Le pugilat est simple : un écrivain raté et alcoolique, reclus dans sa villa du Gard avec pour seule compagnie sa bonne et ses bouteilles, voit son existence chamboulée avec l'arrivée impromptue d'un homme se disant être son cancer. Lui seul peut le voir et lui parler et tout deux vont commencer à plus ou moins sympathiser avant l'inévitable échéance.
Dit comme ça, le long-métrage aurait pu nous offrir une comédie dramatique poignante et/ou férocement douce amère ; mais Blier fait du Blier et nous entraîne dans un simili de pièce de théâtre moderne, plutôt pépère en dépit de quelques séquences assez dynamiques, mais dans l'ensemble trop intimiste pour plaire au plus grand nombre. Les fanatiques de l'auteur se régaleront très probablement du style Blier, composé de dialogues envolés, de passages surréalistes et d'un jeu d'acteur(s) théâtral. Les autres, au pire s'ennuieront ferme, au mieux apprécieront modestement une intrigue allant dans tous les sens, pas très claire et surtout relativement discernable.
Non pas que Le Bruit des Glaçons soit irregardable, loin s'en faut. L'interprétation à contre-emploi de Jean Dujardin et celle, comme d'ordinaire dingue, d'Albert Dupontel, insuffle la folie nécessaire à une intrigue hors du commun, allant de rebondissements en rebondissements et de répliques cinglantes en situations pour le moins cocasses. Cependant, toujours au bord de l'étrange, avec ses personnages difficilement réalistes et son atmosphère particulière, le réalisateur français continue de proposer un cinéma à part, clairement à l'encontre des comédies habituelles, toujours dans une délicatesse qui lui est propre mais, dans le même sens, toujours dans un style peu accessible.