Meilleure bizarrerie comique (et française !) depuis un bail. Régnant par l'absurde, Le bruit des glaçons est dans la droite lignée d'autres perles françaises que sont Buffet froid et Série noire. Côté marionnettes, le trublion Albert Duponthel remplit à la perfection son rôle de cancer pot de colle. Qui colle à la peau, aux baskets, comme un pou qui de ses bonds brasse beaucoup d'air pour détourner l'attention de l'heure fatidique : de l'écrivain alcoolo et de la fin du film, qui signe peut-être aussi notre arrêt de mort, à une date qui nous est pour l'instant inconnue.
Et parce qu'il faut aussi que la petite croisière arrête de nous amuser au long de ce fleuve tranquille, quelques détails font dégriser les zygomatiques. Au top de la liste des griefs : le jeu des acteurs, qui pour résumer n'est pas irréprochable. Jean Dujardin est en petite forme (c'est le cas de le dire ?), son fils dans le film a tendance à faire du mauvais pataquesse, et la bonne donne l'impression d'être pilotée par une actrice logée à la « vieille école » théâtrale par certaines de ses intonations. A la longue, le phrasé passe, et on n'y fait plus trop attention, mais encore une fois on ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec la production outre-atlantique.
L'esprit irrévérencieux et canaille y fait cependant tellement que le tout est à s'en lécher les babines. L'ensemble chimique réagit grâce à un humour noir bien frappé qui fait remuer ces agités du citron autour du cancer, maladie numéro un dans le cœur (ou plutôt le cerveau ici) des français. Le long-métrage plutôt court épouse parfaitement le format standard de la comédie placé sous la barre des 1h30. Pendant ce temps, Blier s'amuse avec le spectateur, Blier partage, Blier contente, Blier régale. Blier épate. Il susurre à l'oreille du malade affalé dans son fauteuil que dans la vie comme dans le seau, la mort frappe autant qu'elle refroidit. Décidément, le titre est tout (bien tout honneur) trouvé.