De l'audace il en fallait pour oser cette fable grinçante à l'humour corrosif que nous livre le cinéaste, signant là un film noir sur un sujet hélas brûlant et plus que jamais d'actualité : le cancer et ses ravages.
Dès la première image on est saisi par l'allure de cet homme en costume, vu de dos, progressant d'un pas déterminé vers la bastide au bout de l'allée, une démarche qui augure bien du personnage : sec, nerveux, regard noir et sourire ricanant : le cancer est dans la place malgré la résistance de son "client" ancien écrivain, alcoolique avéré qui carbure au vin blanc depuis que sa femme et son fils l'ont quitté.
Une étrange cohabitation s'installe, rythmée par les éclats de voix et le bruit des glaçons, un étrange ménage sur lequel veille, secrète et énigmatique, Luisa sorte d'ange noir, passionnément dévouée à son patron.
Un film dérangeant mais plutôt inspiré, qui flirte avec l'absurde et le désespoir, aux dialogues crus à la Blier, porté par d'excellents comédiens : Albert Dupontel incarne à la perfection ce cancer plein de lui-même à qui rien ni personne, croit-il, ne résiste, et son double féminin, Myriam Boyer, en bigote corse n'est pas mal non plus; quant à Jean Dujardin, sa composition d'écrivain dépressif et alcoolo que l'amour de Luisa, Anne Alvaro très juste, va faire renaître, est tout à fait convaincante.
A tel point qu'on en vient à se demander si Blier le misogyne n'aurait pas fait sienne cette superbe phrase : La femme est l'avenir de l'homme.
L' amour contre la mort, on y croit.