Si Le Cabinet du docteur Caligari est reconnu comme le manifeste de l’expressionnisme allemand et, par conséquent, comme un monument dans l’histoire du cinéma, ce statut ne doit pas empêcher de considérer les flagrants problèmes de rythme et surtout de réalisation qui n’ont de cesse de confondre déstructuration graphique des décors avec mise en scène expressionniste. Car la réalisation capte les personnages sur les toiles peintes sans jamais dynamiser l’ensemble ou proposer un montage qui traduirait, cinématographiquement parlant, la folie de son héros : oui les contraintes techniques limitaient les mouvements – certes – mais d’autres réalisateurs remédiaient avec une plus grande efficacité à la lourde machine génératrice d’images, Fritz Lang à l’appui. Restent des décors originaux pour l’époque et source d’instabilité, surtout une belle mise en abyme de la folie psychiatrique par le biais d’un récit rétrospectif destiné à faire éclater au grand jour, et pour le plaisir du spectateur, la révélation finale. Excellente composition musicale pour une date dans l’histoire du cinéma qui, aujourd’hui, résonne davantage pour l’imaginaire qu’elle incarne et qu’elle a contribué à faire naître.