Les personnages de Paul Vecchiali ont tout pour donner du populo pilier de bistrot une image négative, une image de Dupont-Lajoie façon Yves Boisset. Le populisme ou poujadisme, le racisme latents des uns, les plaisanteries et l'éloquence de comptoir des autres sont de nature à les faire passer pour d'incurables beaufs, pour ne pas dire d'irrémediables cons.
Vecchiali n'excuse ni n'accable personne. Il montre très simplement les outrances de gestes et de paroles, excès qui, sous l'effet de la boisson, pourraient conduire les protagoniistes à une dernière et honteuse extrémité. Le cinéaste montre aussi la solititude ou les frustrations qui déterminent pour une part les comportements et les propos.
La scène est celle d'un café, et quel autre endroit qu'un bistrot de quartier témoigne mieux de l'esprit et de la condition populaire les moins dignes? (un stade peut-être). L'intérêt de ce moyen-métrage tient à son acuité, à son approche naturaliste dans un domaine humain rarement abordé de façon réaliste et qui pourrait facilement être desservi par la caricature. Dans ce huis-clos, les échanges et les personnages alcoolisés constitituent l'essentiel de la mise en scène, laquelle manque un peu d'intensité dramatique mais sûrement pas d'amertume.