Si elle n'a pas la poésie du roman et de la version d'Abel Gance, cette itération du personnage et de ses aventures n'en est pas moins bien agréable et de bonne qualité.
Elle suit le roman d'assez près tout en élaguant un peu le début qui expose la vie et l'amour impossible de Sigognac pour la belle Yolande de Foix.
Ici, notre histoire commence quasiment avec la rencontre de Sigognac et de l'Illustre Théâtre et sa décision de suivre ses nouveaux amis dans leurs aventures.
Jean Marais, que j'adore mais un peu vieux pour le rôle (en tout cas pour sa partenaire), est bondissant, romantique et charmant comme il sait l'être. Peu de comédiens sont capables d'être aussi preux et moraux sans être mièvres et fades. Il campe un Sigognac/Fracasse plein de fougue et d'honneur. Il est parfait.
Il est entouré d'une myriade d'acteurs tous plus compétents les uns que les autres :
Gérard Barray est ici le fourbe et gâté Duc de Valombreuse. Loin de ses rôles de héros souriant, il atteint un degré de veulerie assez jouissif pour lui tout en restant attendrissant parfois. Il fait de la peine le petit.
Face à lui, Geneviève Grad, connue pour son rôle dans les Gendarmes, se sort pas trop mal d'un rôle difficile : la gourde blonde. Ce n'est pas facile d'être Isabelle. Dans le roman elle tape sur le système tant elle est nunuche et bonne jusqu'à la moelle sans raison. Elle est ici très angélique mais, mis à part la scène finale où elle se transforme en masse tremblotante et monosyllabique ou presque (Philiiiippe), elle n'appelle pas au meurtre.
Philippe Noiret est parfait en Hérode grande gueule et chaleureux, entouré de Louis de Funès en Scapin rare mais efficace ou encore Jacques Toja, parfait en Léandre blond et gominé. Le tournage n'aura pas dû l'attirer loin de la Comédie Française pendant longtemps au vu de son temps à l'écran mais il est toujours agréable à voir et toujours juste.
Jean Rochefort fait un court mais marqué passage en spadassin d'honneur ou presque.
Pierre Gaspard Huit fait un travail classique de mise en scène. Il est efficace dans les scènes d'action et aime ses personnages.
Comme je le disais, le film perd en poésie ce qu'il gagne en action. Les duels sont variés et bien menés.
Un gentille aventure qui finit bien comme de juste.
Mention particulière à une scène finale totalement meta-théâtrale où, au lieu de nous montrer nos héros en train de débiter des dialogues creux et mièvres (je vous renvoie aux pièces de Molière où le père arrive soudain et en trois phrases tout s'arrange, les mystères les plus nébuleux sont déterrés, les amoureux se retrouvent, le fourbe trouve sa rédemption, etc ....), ici il fait jouer la scène par les comédiens Hérode et Scapin et les 2 spadassins dans une parodie jouissive. Grandiloquence et phrases toutes faites qui font écho aux pièces de l'époque et remettent l'histoire ici racontée dans un contexte bienvenu.
Le Capitaine Fracasse c'est ici de l'aventure, une histoire invraisemblable et du rire.
Tout est là!