Ce Eredità di un rivoluzionario est tout ce que je déteste dans ce genre de documentaire sur l'histoire ou l'histoire de l'art, pas mieux qu'un épisode de Secrets d'Histoire, sans élégance aucune, saturé d'images hors-sujets parce qu'il FAUT illustrer, à tout point, à tout bout de champ, comme sur une page Tumblr ou Pinterest, quand bien même ça sera des images sans intérêt de villes, de façades modernes, de gens qui marchent en flouté, d'artistes et de photographes modernes. Le Caravage est pourtant un peintre à la puissance formelle suffisante pour se passer de tout ce gadget ; mettez-le nous en pleine lumière, plein pot et ça suffit, ventrebleu ! De la même manière, trop d'intervenants, souvent peu ou pas pertinents, des artistes contemporains qui nous sortent des banalités sur l'ombre, et la lumière et la chair, au lieu de se contenter de deux-trois chercheurs italiens sérieux. On sautille, comme en marelle, de l'un à l'autre, les phrases se superposant les unes aux autres dans un long flux de d'information, d'anecdote, de contre-sens sans structure.
Il n'y a pas un SEUL plan de tableau fixe, toujours un petit traveling ou un zoom désagréable, car il FAUT QUE CA BOUGE et donc pas moyen d'avoir de vision d'ensemble des œuvres puis le plaisir (infini) de rester sur des détails plus de 3 secondes. Car c'est bien le seul intérêt de ce type de documentaire : filmer des œuvres dans leur contexte — musée, église, chapelle, palais — et pouvoir prendre le temps de s'attarder à gros plans sur des détails, sans touristes, sans myopie, sans le reflet des parfois très mauvais éclairages... car n'importe quel bouquin, n'importe quel bout d'exposition ou de visite au musée fera mieux pour l'œil qu'un film.
Parfois, pour tenter de donner un vague contexte historique ou artistique, ça va accumuler cinq, dix ! tableaux en 30 secondes, d'autres artistes, d'autres époques, évidemment sans l'ombre d'un cartel même le plus succinct. On peut ou pas les reconnaître. J'imagine toujours celui qui découvre un artiste avec ce genre de machin, il doit n'en retenir quelques temps après qu'une bouillabaisse visuelle et de fausses attributions "mais si ça c'est Caravage, je l'ai vu sur Arte !" devant un Michel-Ange. Le Caravage est pourtant un peintre à la puissance formelle suffisante pour se passer de tout ce gadget.
Après, sur la question de ce Caravage lui-même c'est les habituelles généralités, par-dessus la jambe, le goût de l'anecdote de sa vie, l'attrait du mystère, le meurtre et la fuite ! A se demander parfois si le XXe siècle l'aurait redécouvert avec autant de ferveur sans cette mort. (comme il a pu redécouvrir Bosch, Botticelli, les frères Le Nain, De La Tour : classiques intouchables de nos jours pourtant longtemps oubliés par nos anciens) On cite vite-fait Longhi, l'ombre, la lumière, on dresse de fragiles ponts de rosée avec des artistes modernes de pacotille, ceux-là même qui disent des banalités sur l'ombre et la chair, etc.
Il y a de bon docus sur l'histoire ou l'art mais celui-là est tout particulièrement bordélique, partant dans tous les sens et, à mon goût, vulgaire.