Giuliano Montaldo ne fait pas mentir le panache de son titre. S’il ne faut pas attendre de sa part une bobine originale qui renouvelle le genre, son Carnaval des truands est un film de casse très solide. En choisissant de faire la part belle aux sales tronches qui évoluent dans son cadre, il livre, d’un genre exigeant, une variation respectueuse de ses codes. Un exercice qui peut sembler relativement peu ambitieux, mais il n’en est rien. Entre la composition du groupe de truands et l’accomplissement du larcin, nombreux sont les pièges à éviter pour composer un film qui reste homogène sur la distance. Accusant 2h à la pesée, il était bien là le challenge, réussir à captiver sans faiblir.
Le Carnaval des truands y parvient à merveille. Son casting fleuri, sa narration sans fausse note et son rythme exemplaire font qu’on déguste les aventures de sieur Kinski et son escadron avec le sourire aux lèvres. Cerise sur le gâteau, le final inspiré écarte avec élégance les quelques zones d’ombre qui ternissaient encore l’ensemble d’un chouette tableau. On pourra certes lui reprocher d’en faire un tout petit trop avant de rendre son ultime souffle mais ce péché de gourmandise ne saurait ternir un dernier acte riche en rebondissements et surtout noir en diable.
En restant fidèle à sa décision de mettre en scène un casse sans essayer de jouer au plus malin, Giuliano Montaldo fait monter progressivement la tension pour laisser parler son savoir-faire quand le moment tant attendu se dessine enfin à l’écran. Lorsqu’il est question, pour son équipe de truands confirmés, de malmener le monstre en acier qui renferme 10 millions de dollars en diamants, la précision de sa mise en scène impressionne.
Ses acteurs ravalent leur habituelle éloquence pour se concentrer sur une gestuelle mécanique servant un calme olympien de circonstance. Une grosse demi-heure sans aucune ligne de dialogue et pourtant à aucun moment le rythme ne faiblit. Et pour cause, tout a déjà été dit : l’image, les visages, la musique, ne sont plus focalisés que sur le casse en lui même.
De quoi passer à cette bobine généreuse ses quelques faiblesses. Le manque de charisme d’abord du Golden Boy de l’affaire qui peine à tenir la distance face aux trois autres trublions de la bande à Klaus ou encore la fausse bonne idée du double porte-clés. Pour le reste honnêtement, je n’ai rien à reprocher à ce Carnaval qui se révèle être très fréquentable, tant ce qu’il représente me parle en tout point : un script solide parce qu’il se contente d’être simple, une mise en scène précise qui sait quand sortir le grand jeu, des acteurs impliqués dirigés avec rigueur et une violence qui sait s’inviter à la fête quand elle est supposée être nécessaire. Une belle réussite en somme.
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