Clint the legend
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Beaucoup de gens se rappellent de cette fameuse interview durant les Jeux d'Atlanta en 1996, où on voyait en fond une explosion dans un parc bondé de personnes assistant à un concert. Bien qu'il y ait eu deux victimes, le nombre aurait pu être beaucoup plus grand sans l'implication d'un agent de sécurité nommé Richard Jewell, qui avait repéré un sac suspect caché sous un banc.
Le film de Clint Eastwood, basé sur l'héroïsme, raconte plutôt la suspicion du FBI à l'encontre de cet homme dans l'attentat en question et l'engrenage médiatique qui va s'en suivre, pour lui comme sa mère.
Il faut dire que tout cela fait froid dans le dos, à tel point que cet homme aurait été vilipendé si les réseaux sociaux existaient en 1996. On découvre en fait que le FBI est plus ou moins sous pression pour trouver un coupable le plus vite possible, que le journal local d'Altanta veut être le premier sur le coup, ce qui va être aussi le combat d'une journaliste opiniâtre, jouée par Olivia Wilde, pour avoir les informations, quitte à quelques faveurs sexuelles.
Si on y pense, Richard Jewell reprend exactement la même histoire que Sully, réalisé en 2016, à savoir un héros à qui on va reprocher quelque chose, afin que les autorités n'en portent pas le chapeau. Mais Richard Jewell ne va jamais jusqu'au procès, il sera suspecté, interrogé, sa maison perquisitionnée, mais c'est le même type d'histoire Kafkaïenne. Sauf que Sully faisait 90 minutes, et que les plus de deux heures de Richard Jewell se ressentent, car la deuxième partie est pour ainsi dire plus lente. Mais il a pour lui l'implication visible de ses comédiens, l'inconnu Paul Walter Hauser en tête qui donne sa voix chevrotante et son corps imposant à cet homme au fond sans histoires, mais dont l'excès de zèle qu'il affiche dans le but de protéger les gens en fait quelqu'un paraissant bizarre. Il y a aussi l'excellent Sam Rockwell jouant son avocat, John Hamm en flic du FBI, Olivia Wilde et l'émouvante Kathy Bates qui joue la mère, et dont le discours final sera une très belle conclusion.
Il y a quelque chose de l'ordre de la force tranquille dans ce film, peut-être un peu trop long, qui démonte les rouages d'une administration sous la pression populaire et surtout comment ce type peut être pris dans une telle folie médiatique. Et un film qui tire sa force aussi bien de ses comédiens que de la mise en scène, donc encore une fois, une belle réussite d'Eastwood.
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Créée
le 25 févr. 2020
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