Giacomo Casanova, gentilhomme, littérateur, ésotériste, et automate sexuel

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Adaptation libre de l'autobiographie (et portrait à charge) de Giacomo Casanova, inventeur de la loterie et réputé séducteur du 18e siècle.


Alors le film est lui-même souvent critiqué pour être long voire pompeux. Perso, même si je trouve que ce film est davantage beau que bon, j'apprécie toutefois sa démarche de déconstruction de la figure du Casanova séducteur mais au visuel bizarre qui lui donne de la personnalité ;


Casanova a l'air d'être en plastique avec son maquillage, son visage brillant, sa coupe mi-dégarnie mi-touffue à bigoudis. On dirait d'autant plus un automate qu'il fait souvent l'amour en étant excité par un autre automate en forme de coucou sexuel qui fait de la musique.

C'est d'autant plus pertinent qu'il fait l'amour à une femme automate aux 9/10e du film. Et qu'il a eu plus de plaisir avec elle qu'avec de vraies femmes. Parce que sinon, les acteurs miment l'acte sexuel sans enlever leurs pantalons.

Après, on a surtout des déambulations dans des décors qui semblent assez somptueux et détaillés (rien qu'avec la Vénus de Venise pendant la scène du carnaval), mais qui sont parfois probablement bon marché ou présentés comme instants symboliques pour palier certains manques de budget (coucou la mer en sac de poubelles pour représenter aussi Venise).


Et les aventures de Casanova, après son évasion de la prison des Plombs de Venise, c'est surtout lui qui fréquente des charlatans, des ésotéristes, des nobles poudrés et efféminés, et lui qui est malheureux car il n'arrive jamais à se caser avec la femme qu'il veut, et on ne retient de lui que ses supposés prouesses sexuelles alors qu'il a d'autres qualités :

Je suis aussi littérateur, je parle plusieurs langues, je pratique aussi l'alchimie et j'ai mis au point un traité qui permet de remettre l'économie d'aplomb en un an. J'aime la France et la considère comme ma seconde patrie.

Bref, on retient surtout quatre grandes périodes pour Giacomo dans ce film, mais beaucoup sont marquées par des vagues de popularités et déclins. C'est d'ailleurs le déclin qui le frappe à la fin du film malgré une place de bibliothécaire chez une princesse de Bohème : il est vieux, se plaint de ne pas avoir ses macaronis et les jeunes se moquent de ses poésies (y compris les femmes).

Son dernier rêve consiste même à revenir à Venise en hiver avec la Venus dans la glace, ses conquêtes le fuyant, lui le grand séducteur pourtant. Ne reste que l'automate, la seule "femme" qui semble "l'apprécier" et avec laquelle il effectue une dernière danse.


Finalement, bien que Felini semble vouloir se moquer de Casanova à travers une démarche de déconstruction où la figure du séducteur vénitien est ridiculisée, pathétique, en même temps cela contribue à nuancer son image puisqu'on rappelle qu'il était aussi un intellectuel voire un artiste. Et que séduction n'est jamais acquise, que sexe et romance sont deux choses différentes et leurs routes pas toujours pavées de succès mais plutôt de renommée pour Giacomo Casanova.

Darevenin
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Créée

le 16 janv. 2025

Modifiée

le 23 janv. 2025

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Darevenin

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