Oui, je sais. C'est le conflit traditionnel entre le cowboy poussiéreux et buriné qui s'est mis à son compte et le gros éleveur coincé, aux tendances homicides refoulées, qui lui envie sa virilité. Evidemment, il y a une femme entre eux, et elle opte pour le plus riche, sans lui donner son coeur - ce qui empire la situation. Evidemment, il y a un groupe de gunfighters brutaux que le cowboy, avec ses potes, va devoir se colleter pendant que la ville tremble. Evidemment, il y a une autre femme amoureuse du cowboy. Et un autre homme amoureux de cette femme, qui va prendre parti pour le gros éleveur, par dépit. Et il y a bien sûr un Mexicain rigolo. Et puis il y a un duel qui n'en est pas un, dans la poussière.
Ceux qui n'aiment pas le western n'y verront que des poncifs et s'ennuieront ferme. Ceux qui aiment ont des chances d'apprécier le nombre impressionnant de seconds rôles savoureux. J'ai envie de dire que le film est léger : ce serait exagéré au vu des thématiques abordées. Il ne s'agit pas que d'un divertissement, puisque le héros va apprendre à renoncer à la femme qu'il aime pour une autre plus fiable. Il y a de la psychologie, mais elle n'est pas au centre : le film privilégie l'action ; une action toujours crédible, quoique spectaculaire. On songe à la scène où Owen stoppe son troupeau en cavale en barrant un défilé avec un chariot en feu ; la scène de fusillade dans le noir dans un saloon, après que le barman ait tiré sur l'ampoule ; ou encore à la scène de bagarre avec Clagg (John Russell) où ils démolissent proprement une cabane innocente.
Entre ces deux pôles, divertissement et thématiques adultes, De Toth trouve un parfait équilibre, qui laisse aussi une place aux détails truculents. Ce n'est pas prétentieux, c'est un western honnête. Le genre de film que vous aimeriez aimé trouver en entrant par hasard dans une salle de cinéma des années 1950. Le genre de film que les exigences de rentabilité de l'industrie du divertissement ne rend plus possible aujourd'hui.