Carpe Diem !
Un souffle, un soupir de soulagement. Ce film ma mémoire le connaît trop bien, sait les moments où la caméra bascule, où tel personnage récite tel texte. Cette impression de chaleur, comme lorsqu'on...
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le 18 juil. 2010
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Les mots et les idées peuvent changer le monde, sucer la moelle de la vie mais ne pas avaler l’os, profiter du jour présent sans se soucier du lendemain ou Carpe Diem, ça vous dit quelque chose ? Après Mary Poppins, Mr Miyagi, maitre Yoda, voici John Keating, mentor, personnage inspirant qui changera vos vies dans un film culte : Le cercle des poètes disparus.
Penser par soi-même, apprendre à savourer les mots et le langage
Contrairement à ce que son titre laisse entendre, non, Le cercle des poètes disparus n’est ni un thriller, ni un film fantastique, c’est une comédie dramatique. Dans toute sa carrière, Robin Williams aura livré des performances incroyables dans de nombreux films, transformant à jamais la vie de certaines et certains. Beaucoup d’œuvres mémorables dans lesquelles l’acteur a joué ont marqué les générations : Mme Doubtfire, Good Morning Vietnam, Jack, Jumanji, Will Hunting, ou bien Fisher King. A chaque film, l’acteur comique donnait à réfléchir sur notre propre existence, nous inspirait, tout en nous faisant mourir de rire de par sa joie de vivre et son anticonformisme. Aujourd’hui, nous allons parler d’un film important, cher à mon cœur depuis mon adolescence : Le cercle des poètes disparus. Véritable triomphe lors de sa sortie en salles, phénomène de société, symbole du début des années 90 couronné par l’Oscar du meilleur scénario.
Développer sa sensibilité, développer votre humanité, aimer la vie, créer votre « propre rime », choisir votre propre voie, penser par soi-même, profiter du jour présent « carpe diem », à travers deux petites heures, c’est ce que Robin Williams enseignera aux héros de notre film mais aussi à nous spectateurs. N’est pas Robin Williams qui veut, ce qui veut dire que quand Robin Williams est à l’écran, un peu de mièvrerie, beaucoup drôlerie. Robin Williams, il dit tout haut et avec humour, tout ce que les autres pensent tout bas. L’acteur se lâche sans jamais exagérer, nous créant à plusieurs reprises un véritable one man show improvisé. Dans notre histoire, nous suivrons la vie d’un groupe de 7 étudiants :
• Todd Anderson, petit nouveau introverti et fragile ayant du mal à s’intégrer dans l’Académie. Ses parents n’ont d’yeux que pour son frère connu pour avoir été un brillant étudiant à Welton et personne dans l’établissement ne manquera de le lui rappeler.
• Neil Perry, étudiant exemplaire, aimable, équilibré, fils obéissant privilégiant ses études afin de ne pas décevoir son père, éditeur du journal de l’école rêvant d’être acteur (alors que son père l’oblige à faire des études pour devenir médecin), le « leader » du groupe, il deviendra un ami précieux pour Todd.
• Knox Overstreet, un étudiant voulant devenir avocat et seul de Welton à tomber amoureux. Lorsqu’il rencontrera Chris, il sera éprit de cette dernière.
• Richard Cameron, un étudiant à cheval sur les règles, préoccupé par une seule chose : ses notes.
• Charlie Dalton, l’étudiant rebelle du groupe. C’est le plus grand fan de la philosophie « Carpe Diem » de Keating.
• Gerard Pitts, le grand dadais de la bande. Au départ, il ne voudra pas se joindre au cercle des poètes disparus.
• Steven Meeks, l’étudiant le plus doué de Welton. Il a construit un poste de radio pour que le groupe écoute de la musique.
Tradition, honneur, discipline, excellence, ce sont les maitres mots de l’Académie Welton. A Welton, on suit les règles à la lettre et on ne bronche pas sous peine de recevoir une correction : plusieurs coups de règle au derrière. Dès sa scène d’ouverture, nous entrons dans une école stricte et conformiste où tous les élèves portent le même uniforme. Pour certains, c’est un déchirement de quitter ses parents, pour d’autres, la joie de retrouver ses camarades et plaisanter avec eux. L’école, on l’aime, on l’aime pas, on a soif de connaissances ou on le l’a pas, qu’importe, c’est obligatoire. On a tous eu des matières préférées, et d’autres détestées, des profs chouchou, des profs vous donnant envie de sécher leurs cours.
Le cercle des poètes disparus fait parti de ses films redonnant espoir. Après tout, ce n’est pas parce que vous avez raté votre scolarité que vous avez d’emblée raté votre vie. Il y a plein d’autres alternatives pour apprendre et réussir. Visiblement, il n’existe pas que des académiciens vous faisant réciter bêtement vos leçons. Ici, par exemple, nous faisons la connaissance de John Keating, professeur de lettres complètement différent des profs qu’on a l’habitude d’avoir.
C’est instinctif, nous recherchons l’approbation. Mais il faut vous
assurer que vos convictions sortent de ce qu’il y a de plus personnel
en vous, même si les moutons bêlent et se choquent, même si on vous
dit que vous faites fausse route, que c’est maaaaal. C’est Frost qui a
dit : « Dans la forêt, le chemin se sépare en deux, et là, je choisis
toujours le moins fréquenté, et chaque fois je constate la différence.
»
Le prof qui va vous donner envie d’aimer la littérature et la poésie
Keating, il fait parti de ces enseignants vous faisant profondément envie d’aimer leur matière. C’est un fait, on retient toujours mieux un cours quand un prof est drôle et passionné par son travail. Mais, si en plus sa méthode diffère des conventions, c’est encore mieux. Voyez plutôt le cas de Keating. Cours après cours, rien ne se ressemble. Keating, il fait sortir ses élèves en extérieur, il leur fait faire des exercices au départ étranges et pourtant intéressants. Voyez le cas de cet exercice de marche. Trouver sa cadence, sa démarche c’est en parti se différencier des autres, avoir sa propre personnalité. Le prof dont tout le monde rêve d’avoir.
A travers ses cours, en plus d’enseigner la littérature, d’apprendre à aimer et s’intéresser à l’art, l’amour et la poésie (qui est une histoire d’émotion), de faire preuve quelquefois d’autodérision, le professeur de lettres veut que chacun de ses élèves découvre ses propres désirs liés à sa personnalité, trouver sa propre voie, sa vocation et la suivre, leur inculquer les valeurs fondamentales de la vie. Chacun membre du groupe que nous suivrons, a sa personnalité (le timide, le rebelle, l’artiste, l’intello, le romantique, le comique, le cancre). En chacun, on reconnait une part de nous même, s’identifiant à l’un, à l’autre selon les évènements. John Keating, à travers ses leçons, il a un objectif : aider ses garçons à surmonter les obstacles, s’affirmer, vivre en communauté et se respecter, apprendre à se taire, apprendre la politesse, devenir responsable, voler de leurs propres ailes, parce qu’un jour, ce ne seront plus des élèves.
En parallèle des cours, de la vie scolaire, il y a bien entendu, la vie entre camarades, les chamailleries, les blagounettes, les activités sportives, leurs interactions au monde extérieur (la famille par exemple) car oui, bien que notre intrigue se déroule dans l’école, nous sortirons hors de Welton histoire de ne pas vivre dans une sorte de bulle où l’on côtoie les mêmes personnes. Point important, notre film se déroulant à la fin des années 50, il annonce clairement le mouvement vers la libération des traditions, en particulier grâce au personnage de Knox, découvrant la liberté sexuelle. Il ne faut pas oublier qu’à Welton, il n’y pas de filles.
« On ne lit pas et on n’écrit pas de la poésie parce que ça fait joli.
Nous lisons et nous écrivons de la poésie parce que nous faisons
partie de la race humaine ; et que cette même race foisonne de
passions. La médecine, la loi, le commerce et l’industrie sont de
nobles occupations, et nécessaires pour la survie de l’humanité. Mais
la poésie, la beauté et la dépassement de soi, l’amour : c’est tout ce
pour quoi nous vivons. Écoutez ce que dit Whitman : « Ô moi ! Ô vie
!... Ces questions qui me hantent, ces cortèges sans fin d’incrédules,
ces villes peuplées de fous. Quoi de bon parmi tout cela ? Ô moi ! Ô
vie ! ». Réponse : que tu es ici, que la vie existe, et l’identité.
Que le spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime. Que le
spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime... Quelle sera
votre rime ? »
Au final, Robin Williams a beau avoir disparu, il a laissé de nombreuses traces indélébiles dans le monde du cinéma. Parmi elles, Le cercle des poètes disparus, véritable bouleversement cinématographique. Mise en scène intelligente, poétique et brillante, musique mélancolique et mémorable, photographie d’une éclatante beauté, architecture des décors presque moyenâgeuse, découvertes des débuts d’acteurs connus (Ethan Hawke, Robert Sean Leonard, Josh Charles), climat drôle et chaleureux, humour et drame, philosophie et humanisme, liberté et espoir. A la fin, il est certain que cette nouvelle leçon de vie a été apprise.
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Créée
le 5 août 2017
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