Présenté comme une suite tardive de l'occidentalisation de la cassette tueuse, Rings ne sera finalement qu'un reboot, un de plus, d'une franchise fragile afin d'attirer une nouvelle génération dans les salles et les faire frissonner avec une gamine toute blanche et des cheveux sales.
Comme le nouveau Blair Witch, malheureusement, le remâché est loin d'avoir le goût de l'original, même si pour ce Rings, l'échec est moins catastrophique. Mais peut être pas pour les bonnes raisons.
On se demande tout d'abord, au terme de la scène inaugurale, où l'on est, tant celle-ci semble hors sujet et fait le deuil d'un des mécanismes de l'oeuvre originale. Adieu donc le surnaturel qui fait froid dans le dos, qui fait irruption dans un quotidien terne. Tout cela au profit de gros effets horrifiques qui font tout pour impressionner mais se révèlent assez vains. Tout cela pour avoir droit, ensuite, au traditionnel panneau "deux ans plus tard" et surtout, ne plus jamais revenir à ce fait ensuite. Beaucoup de bruits pour rien, donc...
Rings semble reprendre ensuite les fondamentaux de la saga, sauf que l'on sent que les scénaristes ne savent jamais quoi en faire. La vidéo est bel et bien là, mais elle fait maintenant l'objet d'un projet universitaire macabre qui sombre assez rapidement dans le portnawak, alors même que la culpabilité de son auteur aurait pu être mise à profit pour la sonder et en révéler toute la noirceur.
Ce genre de choses se reproduit tout au long de l'intrigue, car les trois scénaristes de Rings lancent des idées en l'air, pas toutes inintéressantes, loin de là, sans jamais les exploiter complètement. Sans jamais en saisir tout le potentiel. Ainsi, par exemple, l'image du mythe d'Orphée, qui aurait pu être fascinant, est tout simplement passé à la trappe en un dialogue ultra nouille et crétin.
C'est seulement une fois sorti de son domaine universitaire que le film commence à se déployer, dans une enquête pas désagréable à suivre mais en mode ultra assisté. Tout cela par le biais des hallucinations de l'héroïne, qui l'assaillent depuis qu'elle a posé les yeux sur la cassette maudite. A chaque image son explication instantanée pour ne pas perdre le spectateur. Mais la mythologie s'avèrera chamboulée dans la manoeuvre, voire trahie pour les plus intégristes. En effet, Rings développe une idée de la vidéo dans la vidéo, qui s'imprime on ne sait finalement pas trop pourquoi. Samara passe au second plan, même si elle sort toujours du puits. Les mêmes images en noir et blanc, parasitées, sont reprises, mais elles ne sont plus très en adéquation avec ce que l'on nous raconte.
Rings perd donc presque totalement son identité, tant son intrigue, à cause de modifications et d'ajouts, devient d'un convenu routinier dans son déroulement. D'autant plus qu'il n'y a presque plus aucune scène choc. D'autant plus que les origines du mal sont presque intégralement remaniées, mettant au premier plan la mère de cette gosse vénère aux cheveux sales, au background bien plus terre à terre et classique dans le genre thriller un peu ramollo. Mais toutes ces corrections et remaniements ne se fondent jamais dans la mythologie du Ring original. Toutefois, de manière extrêmement étrange, on se prend à penser à être indulgent. Que l'on veut connaître le fin mot de l'histoire et qu'il y aurait donc quelque chose à sauver de ce Rings. Ou que les scénaristes ne se sont pas totalement vautrés dans l'entreprise de ce revival un peu bancal, comme en demi-teinte. Même s'il n'y a plus d'effroi, même si le film en devient mécanique et passe à côté de ce qui aurait pu être de jolies séquences de trouille.
Jusqu'à cette dernière scène, sans aucun sens ni cohérence, pas ridicule mais presque, rebondissant sur un élément laissé soigneusement de côté et totalement portnawak et gratuit (le braille, vraiment ?). Une scène uniquement destinée, dans un opportunisme cynique, à assurer une porte de sortie en forme de contamination virale et une suite en mode bigger et louder.
Presque sûr cependant qu'elle ne sera pas better...
Behind_the_Mask, saigneurs des anneaux.