Il était une fois une double ligne de barbelés. Avec, entre les deux, un champ de mines. C’est le terrain de jeu de Lamia, 16 ans, et des autres enfants d’un petit village libanais perché au bord de la frontière israélienne. Frontière qui ne cesse de reculer – ou d’avancer selon du côté où l’on se place –, les israéliens venant, de nuit, disposer de nouveaux rangs de fils pour gagner quelques centaines de mètres supplémentaires sur le territoire ennemis.
Une frontière mouvante et forcément injuste. Une frontière qui coupe un peuple, des familles en deux. Familles qui se retrouvent au point de contact à discuter par mégaphone interposés pour se faire entendre les uns des autres par-delà le no-man’s-land hautement militarisé.
Cette frontière que doit bientôt franchir Lamia à l’occasion de son mariage avec son cousin qu’elle n’a jamais vu et qui réside juste de l’autre côté, en Israël…
Le Cerf-volant, ici symbole de l’hérésie des frontières, enjambe dès les premières images cette ligne honteuse et presque infranchissable : un coup de vent malheureux et le jouet s’envole au-delà de la limite, de l’autre côté. Si près et pourtant si loin. Où l’enfant ne peut aller le récupérer sans risquer sa vie. A travers les exemples de ce jouet de liberté et du mariage, c’est toute l’injustice des limites déchirant en deux parties irréconciliables des êtres humains qui n’ont pas choisi de vivre là et qui subissent, leur vie durant, les invasions israéliennes et la résistance des hommes du Hezbollah.
Un film simple sur des gens simples au cœur d’un des sacs de nœuds les plus embrouillés de la planète. Magnifique !