Le remake hollywoodien de Fred Zinneman. Avec Bruce Willis 'le chacal'. Pour l'honneur...

Non, ceci n’est pas le canidé que l’on rencontre fréquemment en Afrique ou en Asie. Ceci est un pur produit de Los Angeles en provenance d’Hollywood.
D’après le roman « The day of the jackal » de Frederick Forsyth, Michael Caton-Jones cisèle un honnête divertissement à la sauce 90’s et profite de l’occasion pour ‘remaker’ le « Chacal » de Fred Zinnemann (qui a signé d’autres chefs d’œuvres du septième art : « C’étaient des hommes », « Le train sifflera trois », Tant qu’il y aura des hommes »).


Synopsis : un insaisissable tueur a été contacté par une mystérieuse organisation pour supprimer une haute personnalité américaine. Le directeur adjoint du FBI et un major de renseignement russe font équipe pour mettre le grapin sur le criminel surnommé ‘le chacal’. Pour y arriver, ils vont faire appel à un ancien terroriste irlandais emprisonné sur le sol américain qui a déjà travaillé pour le compte dudit ‘chacal’.


Si le contexte et les enjeux géopolitiques sont clairs sur le papier (la guerre de l’IRA, les tensions entre russes et américains via le trafic d’armes, la Guerre du Golfe…), finalement, il n’en est rien, on bascule vite fait dans le film à l’américaine avec ses invraisemblances (russes VS américains), et surtout dans un divertissement bas de gamme en raison d’une réalisation beaucoup trop lisse qui pourtant promettait beaucoup avec son générique d’introduction. Quelle farce, Monsieur le réalisateur…


La musique impossible de Carter Burwell (compositeur attitré des frères Coen - « Barton fink », « The big Lebowski », « True grit » …- pourtant nommé à deux reprises aux oscars - « Carol », « 3 billboards » -) vient appuyer ce sentiment de film bâclé et insipide. Encore une fois dommage ?


Pourtant, ce qui vient nous revigorer, c’est l’ensemble du casting, original et appréciable.
Bruce Willis, à l’aise comme à l’accoutumée, est ce ‘chacal’. Loin de ses interprétations patriotiques, il est l’atout charme du « Chacal ». Dans ce rôle anti- « Die Hard », il est ce tueur élégant, bien vu. Willis en méchant, c’est original, ça claque et ça donne tout le piment dont avait besoin « Le chacal » pour nous en mettre plein la vue et ainsi de ne pas nous faire zapper. Merci Monsieur le réalisateur.
Aux côtés de Bruce, les gentils qui ressortent sont Diane Venora, impeccable en agent russe, (vue dans « Cotton club », « Heat », « Révélations », et tout récemment dans « Love and secrets » aux côtés de Ryan Gosling) et Sidney Poitier, tout juste convaincant en directeur adjoint du FBI (connu pour être le premier acteur noir à remporter un Oscar -pour le « Lys des champs »-, il aura joué pour des films dénonçant le racisme : « La porte s’ouvre » de Mankiewicz, « La chaîne » de Stanley Kramer, « Dans la chaleur de la nuit »…).
Le personnage qui m’a interpellé, c’est le terroriste irlandais emprisonné qui aide les américains à se débarrasser du chacal. Sans grande conviction, Richard Gere n’apporte pas grand-chose à ce style de héros puisque Caton-Jones oublie ici l’Histoire pour se cantonner à l’affrontement Gere-Willis. L’interprète de « Peur primale » et « Pretty woman » m’a ici fait penser à Harrison Ford sans doute à cause du doublage français. C’est appréciable, d’autant que Gere assure niveau charisme face à Bruce le ‘chacal’. Beau point de la part de Caton-Jones qui n’a peut-être pas du tout influé sur l’exportation du doublage en France (!).
Avec également Mathilda May (César de l’espoir féminin 1988 grâce au « Cri du hibou » de Chabrol, elle tournera pour les plus grands : Demy, Michel Deville, Herzog, Arcady père…) et Jack Black (spécialisé dans le registre de l’humour : il double le Panda Po dans « Kung fu Panda », joue avec Ben Stiller dans « Tonnerre sous les tropiques », et vu dernièrement dans les deux derniers « Jumanji »).


Après le dépoussiérage (magnifique générique d’introduction et première séquence dans un night-club russe qui déstabilise à elle seule l’entrée en matière), Michael Caton-Jones se rhabille et se centre sur son casting (Willis, Gere et consorts). L’enchaînement des situations et le suspense mené par son intrigue n’apporte ni nervosité ni envoûtement (pas d’alliance entre mise en scène et musique). Ainsi, ces vagues pérégrinations entre les deux blocs de la Guerre Froide sont très peu utilisés mis à part l’évocation de l’Irlande par le personnage de Richard Gere. Pas de contexte politique donc pas d’enjeu en terme historique. On peut le regretter.


L’on navigue ainsi entre film d’espionnage et thriller, le réalisateur voulant raconter l’histoire dans l’Histoire mais sans engouement de sa part. Vraiment dommage car on pouvait présager du très bon de sa part, le semi-triomphe de « Memphis belle » peut éventuellement parler en sa faveur.
Caton-Jones nous embarque dans sa routine, un thriller assez prévisible mais qui ne manque pas d’intérêt (merci Willis !).
Ou quand le réalisateur Michael Caton-Jones (« Blessures secrètes » « Rob Roy », « Basic instinct 2 ») se sacrifie sur l’autel d’Hollywood.


Pour terminer, « Le Chacal » (1998) restera un film honorable de la décennie des années 1990 doté d’un atout cœur nommé Willis.
Accord parental souhaitable.
Spectateurs, pour les hyènes et les loups seulement.

brunodinah
6
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le 2 janv. 2020

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brunodinah

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