Sans conteste l'un des meilleurs films de son auteur, assez proche dans son atmosphère (et son cadre) de Johan / A travers les rapides dont il partage un merveilleux sens des extérieurs et de la nature qui s'intègrent parfaitement dans la dynamique d'un scénario à la structure étonnante. D'un début léger et insouciant, le film bascule dans une seconde partie plus romantique et spectaculaire avant de basculer dans un dernier acte plus amer et dramatique. Il y quelque chose du roman d'initiation dans le parcours du héros qui apprend malgré lui que ses actes ne sont pas sans conséquences sur les personnes qu'il a côtoyées (avec inconsistance). L'impressionnante descente des rapides sur un tronc à mi-film n'est ainsi pas un climax gratuit car il traduit l'immaturité du héros qui ne se soucie de rien, y compris de sa vie. C'est après cet événement qu'il commence à réfléchir sur sa vie et à être confronté aux fantômes de son passé.
Le changement de ton du dernier tiers est assez déstabilisant au début mais qui offre un supplément d'âme et donne une véritable force psychologique au film.
On voit que Stiller est alors en totale maîtrise de son langage cinématographique et déploie une assurance et une aisance époustouflantes.