Il y a deux films dans Le Chant de la forêt. Et chacun pâtit des défauts de l’autre. Le premier est contemplatif, se propose de suivre un village brésilien dans sa vie quotidienne, notamment une famille de ce village dont le mari est entré en contact avec son père défunt. Le souci ici, c’est que le contemplatif ne s’appuie pas sur un point de vue apte à poétiser la nature et la culture ; en lieu et place, une succession de plans trop longs et souvent prétentieusement cadrés, comme s’il fallait sublimer l’environnement. Le second lorgne du côté du drame social, adopte ainsi un point de vue – ce qui manquait auparavant – mais ce point de vue à la critique éléphantesque enlise le mouvement naturel du film dans une condamnation théorique des pouvoirs publics du Brésil d’aujourd’hui.
Le Chant de la forêt, c’est tout et son contraire, sans que de ces deux extrémités ne naisse un geste artistique un tant soit peu novateur ou pertinent. Et si le cadre du petit village a bien quelque chose de fascinant, le glissement dans le monde urbain laisse voir l’artificialité d’un film lourdement démonstratif, répétitif et dépourvu de grâce.