Ayant attiré bien plus de cinéphiles français dans les salles de cinéma lors de la sortie de films de sous-marins comme USS Alabama de Tony Scott, Le chant du loup n’est pas seulement une pure merveille cinématographique mais un espoir inattendu du cinéma français. Pendant de nombreuses années, nous malheureux et malchanceux Français, sommes noyés dans un déluge affligeant de comédies à deux balles, suffisamment affligeant pour nous laisser croire que plus jamais qu’on va connaître un vrai et exemplaire plaisir visuel. Aujourd’hui, j’ai la tendance de croire que le cinéma français commence à se réveiller un peu, lentement mais progressivement. On a déjà été ébahi par le film d’action Antigang sorti en 2014 et également émerveillé par la production catastrophe Dans la brume sortie en 2018.
Et en cette année 2019, le cinéma français confirme sa bonne volonté de nous impressionner en nous proposant ce merveilleux Chant du loup, une superbe composition visuelle mêlant adéquatement et sans dérapage le genre thriller à celui du drame, l’ensemble dilué dans un contexte sévère et vu dans la plupart des productions de sous-marins. Vu l'importance du scénario, ce long-métrage me semblait bien être un projet risqué et complexe pour un débutant réalisateur et pourtant, le film est exactement le contraire d’une production ratée de bout en bout comme on peut en voir de temps en temps, mis en scène par des metteurs en scène osant toucher des films d’origine cultes pour en faire des remakes honteux. Antonin Baudry a peut-être pris un risque mais au moins, il l’a pris à cœur et avec beaucoup de sérieux.
Pendant le visionnage, on constate un certain respect qui se ressent avec sensibilité. On est très proche d’un réalisme qui frôle indéniablement la perfection et c’est rarement vu dans une production aussi insondable que Le chant du Loup. Afin d’éviter toutes sortes de clichés et d’avoir une vision solide des conditions des sous-mariniers lors d’une sortie en mer, cet artiste s’est pris la peine de faire un séjour à bord d'un sous-marin. Voilà un professionnel qui sait comment réaliser un film en se mettant en condition, voilà le genre de long-métrage que le cinéma français devrait produire plus souvent. Le chant du loup a de quoi rivaliser le cinéma américain par sa structure narrative très french et découpée précisément en trois actes : L'intervention, la menace et L'interception.
Trois actes qui expliquent intelligemment toute la procédure géopolitique et le protocole draconien appliqués au sein de la Marine Nationale, lors d’une mission de dissuasion nucléaire, tout en mettant en avant et grandement la pression exercée sur une oreille d’or, le fameux sous-marinier qui peut reconnaître n’importe quel bâtiment naval ou animal aquatique rien qu’en écoutant des sons indécodables pour n’importe quel être humain. On peut croire que la production a un certain aspect très documentaire mais le rythme est bien celui de tout film d’action, sauf qu’on n’a pas l’image accoutumée des films d’action américains. Des bases sont posées pour garder une vision française comme les balades nocturnes et tranquilles dans la ville de Brest ou le paramétrage précis des scènes mouvementées.
De plus, la pression n’est pas la même que celle de la plupart des films de genre catastrophe, elle est bien là mais ne se manifeste pas avec autant d’émotions. Ce qui fait particulièrement la beauté de cette production est le casting, composé de comédiens interprétant brillamment leurs personnages avec un jeu d’acteur honorable et consciencieux, en particulier François Civil, dans le rôle de l’oreille absolu, un artiste qui crève bien l’écran et fait vraiment le mec étrange et fouineur pour capter suffisamment notre attention. Comme dans tout type de long-métrage de même genre, on est absolument conquis par des images de sous-marins suffocantes, sans omettre la sublime bande-son enchantant à merveille nos oreilles, on dirait presque du Hans Zimmer tellement que cette musique nous sensibilise. Je ne m’attendais pas à prendre une aussi belle claque visuelle, et encore moins de la part du cinéma français. 8/10
Les sous-marins sont mes enfants...Et je ne les confie pas à n’importe qui !