Le film nous plonge d’emblée dans un monde inconnu de la plupart d’entre-nous : celui des sous- marins et des sous-mariniers. Rien à voir ici avec des loups. Le "chant du loup" est le terme employé par les sous-mariniers pour désigner le bruit de fond qui est transmis par la carcasse d'un sous-marin.
L’action donc à bord d'un sous-marin français, en plongée au large des côtes syriennes pour venir exfiltrer des commandos de marine acculés par des djihadistes. Le Titane - c'est le nom du bâtiment - est dirigé par le commandant Grandchamp (Reda Kateb), secondé par D'Orsi (Omar Sy). Mais le personnage le plus important du film est le jeune marin Chanteraide (François Civil).
Un sous-marin est par définition aveugle. Le film nous révèle l’existence des « oreilles d’or », surnom donné aux sous-mariniers dotés d’une ouïe exceptionnelle qui leur permet d’identifier et de classer les bruits perçus depuis l’intérieur du bâtiment : il s’agit de déterminer si le bruit est d’origine naturelle (dauphins, cachalot…) ou artificielle. Ce rôle est tenu par Chanteraide (François Civil), que ses compagnons ont surnommé « chaussettes » car il se déplace toujours en chaussettes dans le sous-marin. Toute la sécurité de la mission repose sur sa faculté à reconnaître les sons entendus et les attribuer à un sous-marin ou à un bâtiment en surface.
Dans les eaux syriennes, alors qu'il s'apprête à recueillir les commandos, le Titane croise un engin dont le bruit, atypique, trouble Chanteraide car un tel sous-marin n’est pas censé exister. Il existe pourtant bel et bien et l’hésitation du jeune marin met en péril l’équipage et manque de peu de faire capoter la mission.
Rentré à Brest, Chanteraide, obsédé par cette énigme, n’a de cesse d’identifier l’engin qu’il a entendu. Après avoir fait des recherches durant lesquelles il tombe amoureux de la charmante Diane (Paula Beer), ses conclusions ne lui laissent aucun doute : il a entendu un engin qui n'existe pas. Selon ses recoupements, il s'agirait d'un sous-marin russe, le Timour III, qui est censé avoir été déclassifié et désarmé. Mais ses conclusions sont mal reçues par le commandant de la base qui le met aux arrêts pour avoir désobéi à ses ordres avant de se raviser quand il comprend que son subordonné a vu juste. Or, les conséquences d'un tel constat sont gravissimes car elles mettent en cause la responsabilité de la Russie.
Or, le même jour, on apprend que les Russes s’apprêtent à envahir la Finlande. Le gouvernement décide alors d’enclencher la riposte en envoyant le sous-marin nucléaire L’Effroyable prendre position dans les eaux polaires. Sa direction est confiée au commandant Granchamp, D’Orsi, aux commandes du Titane, escortant L’Effroyable jusqu’à la Mer gelée.
Mais Grandchamp pose une condition : il veut Chanteraine à son bord comme « Oreille d’Or ». Au moment d'embarquer, le jeune marin, qui a fumé du cannabis lors de sa nuit d’amour avec Diane, est recalé. Ecœuré et furieux, Chanteraide jette son uniforme dans le port avant de repartir chez lui.
A ce moment-là, une alarme mugit sur la base : la France est passée en alerte nucléaire car un missile, provenant de Russie, se dirige vers notre pays. Chanteraide parvient à se glisser dans la base avant la fermeture des portes blindées du bunker de commandement. Il assiste impuissant à l’agitation qui y règne jusqu’à ce que l’amiral Alfost (Mathieu Kassovitz) remarque sa présence et l’impose contre la volonté du commandant de la base comme « oreille d’or ». Ce dernier impose Chanteraide comme « oreille d’or ». Chanteraide, en écoutant le tir du missile, a détecté un souci au lancement, qui suggère que celui-ci, plus léger que prévu, n'aurait à son bord aucune charge nucléaire, ce qui est confirmé par les faits. En outre, il s’avère que les Russes ne sont pas responsables de ce tir. Mais il est hélas trop tard pour annuler les ordres de l’Effroyable, qui, après s’être « dilué » dans la Mer gelée, a coupé toute liaison avec l’extérieur et s’apprête à exécuter l’ordre présidentiel de lancer une riposte nucléaire sur la Russie, déclenchant ipso facto in conflit nucléaire mondial.
Autour du film
Le tournage a lieu de juillet en octobre 2017 sur la presqu'île de Giens et l'île du Levant où se trouve l'organisme DGA Essais de missiles dans le Var, à Brest et en région parisienne.
Mon opinion : Bluffant !
Pour nous, spectateurs, qui ne descendrons jamais dans un sous-marin nucléaire, ce film est bluffant. Pendant presque deux heures l'immersion est totale, y compris sur le plan sonore, et nous partageons le quotidien de ces hommes pris au piège d’une coque d’acier, à la merci de menaces que l’on ne peut imaginer.
Il semble incroyable qu’un film aussi ambitieux soit un premier long-métrage. Il faut dire qu’Antonin Baudry, s’il n’était pas encore passé derrière la caméra, avait été le scénariste du formidable Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier. Les acteurs confirmés comme OmarSy, Reda Kateb ou Mathieu Kassovitz, bien qu’ils fassent honorablement le job, sont éclipsés par la présence charismatique du jeune François Civil, qui tient, avec ce film, son rôle le plus réussi.
Magnifique film, techniquement réussi malgré la difficulté que l’on a à suivre le jargon militaire propre aux sous-mariniers car le spectateur est tellement pris par l’action qu’il en oublie presque de respirer.