Le Chant du loup est la très bonne surprise de ce début d’année, portée par un inconnu au bataillon (François Civil (oui, pour un gars qui joue un militaire, c’est rigolo !)) et une brochette de têtes d’affiche qui cohabitent plutôt bien (Reda Kateb, Omar Sy et Mathieu Kassovitz).
Pour la faire courte, nous suivons la guerre sous-marine engagée entre la Russie et la France à travers le regard et les oreilles d’un technicien de bord doté d’une ouïe nettement supérieure à la moyenne : l’Oreille d’or. Une opposition Est-Ouest factice, un peu amenée à la va-comme-je-te-pousse, mais qui laisse le spectateur cramponné à son siège.
Exit A la poursuite d’Octobre rouge, exit Battleship, nous sommes ici très très loin des poncifs hollywoodiens à coup d’explosions en tout genre, de bande-son surchargée et d’actes d’héroïsme au ralenti. Le Chant du loup fait dans la sobriété, dans les silences et dans l’opacité des abysses. On n’est pas là pour boulotter du pop-corn, on est là pour éviter une guerre nucléaire plutôt malvenue.
Au départ, le film fait presque figure de clip de recrutement pour la Marine nationale, puis à mesure que l’histoire avance, on ressent de moins en moins le désir de mettre un pied dans ces bâtiments subaquatiques où il ne fait pas bon se réveiller en sursaut de sa banquette. Dans ces cigares métalliques, y’a pas la place de taper la discute dans un couloir ni de poser ses coudes sur la table, sinon c’est l’embouteillage dans les coursives et vous avez de la soupe sur les coudes. Ceci étant, c’est l’occasion de quelques pointes d’humour pas désagréables à entendre compte tenu de l’ambiance oppressante générale.
Le Chant du loup dépeint à merveille cette promiscuité permanente entre les hommes, mais aussi ces parties de cache-cache sous-marine à l’aveuglette totale (ou presque) entre les différentes nations, et surtout cette épée de Damoclès qui pendouille au-dessus des occupants de tous ces engins submersifs : à la première erreur, c’est le bouillon pour tout le monde.
La musique fait le taf, le son est d’une qualité prodigieuse (bien que je ne sache pas si c’était une volonté du réalisateur ou simplement parce que j’étais au cinéma) et j’ai plongé à pieds joints dans cette aventure des profondeurs malgré des co-spectateurs se croyant manifestement dans leur salon (je ne remercie pas le couple situé à ma droite qui a commenté tout le film à voix haute, ni cet homme qui s’est levé pas moins de quatre fois pour diverses raisons).
Je ne cacherai cependant pas que le film n’est pas exempt de quelques défauts :
Je ne pense pas qu’on envoie, comme ça, un amiral au casse-pipes et, s’il était possible dès le début de parler via la radio de bord, pourquoi est-ce que d’Orsi ou Alfost ne l’ont pas fait ?
; mais ça passe.