Cette violente querelle de montagnards dans les décors aimés de Jean Giono apparente le film à une façon de western provençal. Le sujet, inséparable des paysages majestueux où il prend place, de panoramas automnaux puis enneigés qui se démarquent tant de la Provence brûlante de Pagnol ou d'autres, expose un univers romanesque étrange et extrêmement déroutant. S'il n'était le dénouement qui résonne comme un hymne à la nature et à l'amour après un récit marqué par la brutalité armée, l'âpreté des moeurs et les rivalités, on ne saurait être plus perplexe quant à la signification de l'histoire.
Aucun des personnages (et parmi eux l'homme aux cheveux rouges et celui appelé "bouche blonde") n'est parfaitement identifiable pour ce qu'il représente ni pour ce qu'il fait. Peut-être le roman de Giono exige-t-il d'être approché une première fois par la lecture car la mise en scène de Marcel Camus nous entraine dans une action confuse et, a priori, insignifiante qu'un montage brutal rend plus encore incompréhensible. Par conséquent, la guerre que se livrent le clan du grand propriétaire Maudru et celui du vieux braconnier Matelot ne nous éclaire en rien sur le propos humaniste et poétique de Giono.