C’est en manquant l’ouverture de la 70ème année du Festival de Cannes présentée par la bellissima Monica Bellucci qui a marqué son empreinte de diva dès les premières minutes de présentation que je me permets d’ouvrir également le mien. Et, une fois n’est pas coutume, cette année sera décidément bien cannoise (!). Tout d’abord, le documentaire sur Michèle Morgan (qui a failli avoir le rôle finalement tenue par Ingrid Bergman dans « Casablanca » !) passé sur France 3 le vendredi 13 janvier 2017 (et donc enregistré) suivi du « Chat et de la souris » (également enregistré !), de Claude Lelouch, sur lequel je reviendrai plus bas. Ensuite, mon cycle C n’est composé que de classiques du cinéma. D’où ma nomination Cannes Classics. Et pas des moindres métrages puisque « Metropolis », « Drôle de drame », « Le quai des brumes », « La bête humaine » (de Jean Renoir, dont quelques films viennent de passer sur Arte !), « La chevauchée fantastique », « Le jour se lève », « Casablanca » (avec le couple Bogey-Bergman donc !), « Le port de l’angoisse », « Le grand sommeil », « Rashomon » (du grand Akira Kurosawa !), « La nuit du chasseur » (de l’unique Charles Laughton), « Les fraises sauvages », « La soif du mal » (de maître Welles, même s’il n’y a que des maîtres parmi les métrages que je cite), « Le trou » (de Jacques Beker, oui), « Amarcord » (de Federico) et « Amadeus » (dans sa version longue restaurée de trois heures enregistrée sur France 5 il y a quelques semaines) vont, j’espère, passer sous mes yeux et ma jeune plume. Mais revenons sur « Le chat et la souris » de Claude Lelouch. Pour une première, le metteur en scène de « Un homme et une femme » délaisse la comédie pure et dure nous narrant, avec son style inimitable, une histoire policière. Comment un inspecteur tenace et sans scrupule va réussir à coincer un supposé voleur de tableaux de maître quand l’évidence est ailleurs ? Pour commencer, Lelouch nous propose un générique énigmatique à la Henri Decaë, comprenez un thème musical concordant à merveille avec un montage du générique sous fond bleuté et permettant de rentrer de plein fouet dans l’histoire, écrite et dialoguée par Lelouch. Ici, tout est maîtrisé à la perfection : direction d’acteurs, musique lancinante de Francis Lai, les flashbacks chers à Lelouch nous incitant à rester assis deux heures durant dans notre canapé pour coincer les voleurs et kidnappeurs de Michèle Morgan, la révélation de « Drôle de drame », jouant ici dans son dernier film pour une interprétation au cordeau. Merci Madame Morgan ! A ses côtés, on retrouve bien entendu des gueules d’époque (Jean-Pierre Aumont, Philippe Léotard, Valérie Lagrange, Philippe Labro -le parolier de Johnny !), et surtout Serge Reggiani dans la peau d’un inspecteur aux méthodes expéditives et peu reluisantes. L’interprète des « Portes de la nuit » (de Carné) formant avec Madame Morgan un couple de cinéma au diapason. Reggiani/Morgan : que du bonheur ! De plus, le cinéaste déserteur du mouvement précurseur des années 1960 démontre ici avec force et audace qu’il possède le talent pour ancrer son film comme l’a fait Claude Sautet pour « Vincent, François, Paul et les autres ». « Le chat et la souris » (1975) est donc bien un film sociétal dont l’atout charme (Reggiani/Morgan et une musique au diapason de Francis Lai) le concède à l’intrigue policière néanmoins menée par le talentueux Lelouch. Et ainsi d’apporter tout le soin particulier de ce cinéma des années 1970 dans lequel liberté de la femme et d’expression sont le point d’orgue de la société post-soixante huitarde. Ce film le prouve, et Lelouch, cher à l’un de ses thèmes de prédilection, l’importance des femmes pour accompagner un récit quel qu’il soit, dirige ainsi quelques actrices (Lagrange, Judith Magre) dont la radieuse Michèle Morgan, plus souriante que jamais. Ce petit film des années 1970, même s’il n’en est rien aujourd’hui, possède le charme et de forts atouts pour concéder qu’il appartient bien au cinéma français. Spectateurs, chats pour un jour, souris pour toujours ! PS : tout d’abord, je suis allé voir au cinéma le dernier Lelouch en date (« Chacun sa vie ») avec Johnny et Eric Dupont-Moretti l’avocat. Résultat : enivrant. Ensuite, c’est avec une semaine et demie de retard que je poste ma critique initialement prévue il y a une semaine. Et d’enchaîner pour juin (!) avec ma liste cannoise ci-dessus.