Le modeste Steno confirme sa place de petit artisan sympathique de la comédie italienne dans ce film plaisant qui souffre avant tout d'une réalisation sans éclat, se contentant de laisser le champ libre à ses comédiens qui s'en donnent à cœur. Il se révèle meilleure scénariste que metteur en scène avec un intrigue bien rythmée et ficelée avec des enchaînements dans l'ensemble bien huilée qui gagnent en vitesse alors que le film se déroule, ce qui est toujours un bonne chose.
Ce n'est pas toujours follement original et certaines situations s'anticipent bien en amont. Mais les séquence fonctionnent bien dans l'ensemble et on se prend au jeu même si l'on se s'esclaffe pas toujours. Il faut dire que la VF est un peu décevante et ne rend pas hommage aux seconds rôles car on devine que les numéros de Peppino De Filippo sont autrement plus drôle en italien.
Le film est à la fois une pure comédie italienne (avec son anti-héros, veule et lâche qui s'adonne avec débrouillardise au marché noir et qui n'hésite pas des opportunités offertes par le quiproquo initial pour profiter des charmes de la chanteuse) qu'une farce à la limite du boulevard avec cache-cache, travestissement et un Francis Blanche qui recycle son "Kolossal" numéro de Babette s'en va-t-en guerre.
C'est pas toujours subtil mais il faut reconnaître que certains moments sont assez efficaces comme le mariage, la fuite de l'hôtel par la fenêtre, les dialogues de sourds autour de Yvonne Furneaux et son "Chat" et tout le final dans l'hôpital où Steno débride sa machine avec un certain bonheur (dont un twist génialement idiot pour évacuer le colonel du récit).
Et contre toute attente, le duo tardif formé par Ugo Tognazzi et Raimondo Vianello me manque pas d'attrait.
Pour voir que le film dure pratiquement 1h50, ça passe plutôt pas si mal.
Il va sans dire qu'on est très, très loin des classiques de Monicelli, Risi, Comencini & cie mais cette comédie fait son boulot sans se moquer du public et sans tomber dans les travers de certaines comédies populaires façon Franco et Ciccio. Pas mécontent en tout cas d'avoir découvert ce film désormais très rare.