Le Château de Cagliostro, premier long-métrage du maître, est bien plus qu'un coup d'essai. Signe de sa qualité, alors qu'il fait partie d'un ensemble de séries et de films d'animation autour du personnage de Rupin 3 célébrissime au Japon (encore de nos jours !), il peut se regarder de manière isolée. Certes, Miyazaki n'est déjà plus un amateur, et surtout pas de cet univers en particulier, puisqu'il a participé à son succès au long cours. Mais le film fait déjà preuve d'une maîtrise artistique immense tant il est beau et tant il laisse une impression de nostalgie mystique à la fin du visionnage. L'intrigue est limpide (sans doute encore un peu trop), alors même qu'elle est hors du temps et de l'espace, dans une sorte de Japon méditerranéen d'après-guerre sans que la technologie ne dépasse les années 1920, ambiance que l'on retrouvera dans Porco Rosso. Les personnages, dont le caractère est déjà construit dans d'autres épisodes, sont vite attachants. On regrettera le nom francisé de Rupin 3 en ... Edgar de la Cambriole, valable pour toute la saga. L'art du dessin est infiniment varié, entre château de la Renaissance, parcs florissants, avions monoplace et ruines antiques, diversité qui a toujours fait le charme des films de Miyazaki. La fin, douce-amère comme à son habitude, marque la fin d'un rêve trop court qu'on aurait aimé continuer encore un peu en se laissant bercer par cette douce mélancolie.