L'ange Gabriel

Le chateau de la pureté est un film au synopsis très alléchant : un homme enferme toute sa famille au sein de la maison familiale pour les "préserver" du monde extérieur.

La mise en scène est très interessante, de ce sujet dérangeant qui pourrait très vite partir en couille voire devenir complètement gore, le cinéaste fait une oeuvre plutôt calme filmée de manière quasi-documentaire. C'est un des très bon points du film, son économie de scènes chocs et sa caméra sans fioriture au plus proche de ses personnages accroissent l'effroi provoqué par chacune des décisions de l'infame Gabriel en rendant le tout parfaitement crédible.

Ce thème de la privation de la liberté de l'enfance en raison de la protection rappelle l'Arrache Coeur de Boris Vian, mais ces deux oeuvres si elles se ressemblent dans les actes de leurs protagonistes diffèrent au niveau de leurs motivation, la mère dans l'Arrache-Coeur a peur que ses enfants souffrent, Gabriel dans le Chateau de la pureté a peur que ses enfants notamment ses filles vivent dans un monde où qu'il considère comme dépravé alors qu'il y projète juste ses désirs inassouvis.

Avec ce personnage de Gabriel on assiste à la description parfaite d'un pervers narcissique. Ce père névrosé et incapable de gérer ses pulsions (on le voit clairement lorsqu'il essaie de séduire la fille d'une de ses cliente puis l'accuse ensuite), considère que le monde entier est comme lui et veux donc en protéger sa femme et ses enfants tout en se faisant passer pour un saint. Il en profite donc pour les exploiter en leur faisant fabriquer des produits anti nuisibles tout en les rabaissant constamment pour se placer sur un piedestal et se rendre dans leur esprit indispensable voire par moment tout bonnement sacré. Il se nourrit d'eux en leur faisant croire qu'il est indispensable alors qu'il est celui qui est perdu.

On est face à un très bon film, angoissant et marquant qui mériterait pour sur d'être plus connu.