Souvent évoqué pour ses rôles de monstres, notamment pour celui de la Créature de Frankenstein en 1931, Boris Karloff a traversé six décennies de l'histoire du cinéma, depuis 1919 jusqu'en 1969 - année de son décès-. L'acteur est né d'un père anglo-indien et d'une mère aux ascendances indiennes. Il est le petit-neveu d'Anna Léonowens, connue pour ses récits sur son séjour comme institutrice à la cour du Roi de Siam - Films et célèbre comédie musicale immortaliseront son histoire : Anna et le Roi -.


Les origines indiennes de Boris - William de son vrai prénom ! - le prédestineront aux débuts de sa carrière à jouer des rôles d'indiens d'Amérique ou d'arabes dans divers films muets, tout en réalisant des travaux manuels sur les plateaux de tournage pour arrondir son salaire.
Enchaînant les films - plus d'une soixantaine - jusqu'au début des années 30, il trouve finalement la consécration en incarnant le monstre de Frankenstein, haute silhouette couturée à la démarche saccadée et à l'intelligence plus que limitée. Enchaînant un an plus tard avec le rôle titre de La Momie, son statut de "créature" est assuré.


Doté d'un visage taillé à coups de serpe, d'un regard facilement halluciné et d'un sourire inquiétant, Boris jouera à merveille toute une galerie de personnages peu communs, avec une prédilection pour les savants fous.


Au début des années 50, Boris Karloff tourne deux excellents films de style mystère gothique pour les studios Continental, préfigurant l'âge d'or des films d'horreur anglais de la Hammer - que l'on date généralement de 1955 avec le film Le monstre, réalisé par Val Guest -.
Le Château de la terreur, en 1951 et Le mystère du château noir, réalisé en 1952, pourraient par leur atmosphère, leur titre et par certains éléments de leur histoire, être qualifiés de films d'horreur bien que celle-ci soit limitée et que le surnaturel soit totalement absent. Ils sont de plus américains, ce qui
nous éloigne encore plus des studios Hammer.


Après avoir évoqué le premier de ces films - voir ma critique sur le sujet - , intéressons-nous à présent au Château de la terreur (The strange door), adapté du roman de Robert Louis Stevenson, La Porte du Sire de Malétroit.
L'histoire se passe en France, au XVIIIème siècle. Un jeune noble débauché, Denis de Beaulieu, est attiré et séquestré dans un sombre château par un déplaisant Seigneur, Alain de Malétroit, qui veut le forcer à épouser sa nièce.
S'attendant à rencontrer une "harpie édentée", Denis est surpris de se retrouver face à une ravissante jeune fille, Blanche, réticente elle aussi à ce mariage forcée.


Le spectateur ne tarde pas à découvrir les desseins de Malétroit, incarné par un inquiétant, vicieux et obséquieux Charles Laughton, secondé par un non moins inquiétant, Boris karloff, dans le rôle de son serviteur Voltan. Celui-ci est chargé de veiller sur un vieux prisonnier, Edmond, emprisonné depuis 20 ans dans les geôles du château et qui n'est autre que le frère du maître des lieux.
Heureusement, Voltan se révèle être du côté des gentils. Entièrement dévoué à son maître emprisonné et à la fille de celui-ci, Blanche, il est d'abord prêt à trucider Denis, pour empêcher le mariage forcé.
Mais, loin d'être le débauché d'abord décrit, ce dernier est un jeune homme sympathique et courageux, prêt à aider Blanche et le mystérieux prisonnier. Et comme les deux jeunes gens vont rapidement tomber amoureux l'un de l'autre, l'idée du mariage ne semble soudain pas si effroyable, à la grande déception du maléfique Maletroit. Voltan va devenir "l'ange gardien" du jeune couple.


Le film frappe par la beauté de son noir et blanc, par ses costumes et par une indéniable qualité artistique de sa mise en scène; on notera notamment l'atmosphère brumeuse et inquiétante des lieux.
Moins beau visuellement, car se passant plus à l'intérieur, que Le mystère du château noir, le film bénéficie là aussi de la belle photographie d'Irving Glassberg, qui magnifie littéralement le noir et blanc.
L'histoire nous entraîne dans des sombres cachots, agrémentés de savants mécanismes guidés par la roue d'un moulin à eau, qui va notamment chercher à écraser nos héros.
Bien que l'atmosphère soit typiquement anglaise, l'histoire, ne l'oublions pas, se déroule en France comme nous le rappelle l'intendant du château qui recommande, pour le repas de mariage, de prévoir "surtout, beaucoup d'escargots" (beurk) avec un humour pas forcément volontaire.


Un an plus tard, dans Le mystère du château noir, Boris Karloff reprendra un rôle assez semblable, passant cependant de serviteur à docteur - un type de rôle qu'il interprétera souvent, sauf qu'il se trouve une nouvelle fois, du côté des gentils, ce qui n'est pas forcément évident durant la première partie du film-.


La filmographie de Boris Karloff est riche d'environ 170 films, auxquels il faut rajouter plusieurs séries comme l'excellente série fantastique Thriller ou la série policière Colonel March.
Sa carrière au théâtre sera également fameuse et il s'illustrera notamment dans son rôle favori pendant trois ans dans la distribution originale d'Arsenic et vieilles dentelles.
Rajoutons enfin à l'évocation de son immense carrière, des émissions radio, notamment une émission enfantine et l'enregistrement de livres pour enfants. Il se dévouera pour la cause des enfants handicapés pendant près de 30 ans.
Il meurt d'une pneumonie en 1969, laissant son nom à un astéroide.


Le château de la terreur est l'occasion de redécouvrir cet acteur - que l'on a tort de réduire trop souvent à la Créature de Frankenstein ou à La Momie - dans un rôle fort différent.
Le film est prenant de bout en bout; d'une durée assez courte, on excusera la fin un peu abrupte et le peu de développement de l'histoire et on appréciera la beauté visuelle, l'atmosphère de mystère et la présence de très bons acteurs.


https://www.senscritique.com/film/Le_Mystere_du_chateau_noir/critique/118952911

m-claudine1
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le 30 oct. 2019

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